Le gendarme, cerveau du gang des hommes en treillis qui ont froidement abattu deux policiers de l'UIR aux Deux-Plateaux, dans la nuit du 15 au 16 février 2006, a été enfin arrêté. Mieux, il a été jugé par le tribunal des flagrants délits et condamné avant-hier mardi, à 20 années d'emprisonnement ferme. Outre cette condamnation, le MDL N'Dri Yao Aubin, car c'est de lui qu'il s'agit, a été inculpé, hier, par la chambre d'accusation de la Cour d'appel d'Abidjan pour répondre, des crimes relatifs au double meurtre du Lt. Diomandé Ouahou et du Sgt. Adayé Koffi Beaugard de l'UIR. L'arrestation du gendarme N'Dri Yao Aubin, 34 ans, s'est faite de façon tactique. En effet, la police criminelle qui conduit les procédures d'enquête préliminaire n'arrivant pas à se le faire livrer par son service, le procureur de la République l'a simplement convoqué à se présenter devant lui. Et c'est accompagné de quatre de ses collègues du CeCOS, où il est en service à Abobo, que N'Dri Yao a répondu à l'appel. Immédiatement placé sous mandat de dépôt, l'homme a été transféré le même jour à la MACA d'où il est venu une première fois le 5 avril et une seconde fois, le 10 avril, pour comparaître devant le tribunal.
A la dernière audience, Matey Achitey Kouadio Alexis dit Alex, le seul membre de la bande, en détention et qui a écopé de 15 ans de prison est revenu sur ses déclarations. Et pourtant, ce bandit, lors de sa comparution, avait dénoncé avec force détails, le gendarme, N'Dri Yao Aubin, commando en service au CeCOS d'Abobo comme étant le chef du gang qui a descendu les policiers (voir Frat-Mat du 3 avril). Et c'est pour avoir coopéré à la recherche de la vérité que le tribunal, ce jour-là, a revu à la baisse, le quantum de la peine d'emprisonnement de 20 ans, qu'avait requis le parquet contre lui. Mais, c'est vainement, qu'à la dernière audience, Matey, extrait de sa cellule pour soutenir ses déclarations, pourtant consignées par le greffier, va tenter de disculper le gendarme. De contradiction en contradiction, Matey va finir par faire admettre les soupçons qu'avait le représentant du parquet. Selon le représentant du parquet, Matey est sujet à des pressions depuis le jour où le MDL N'Dri Yao Aubin a été arrêté.
Interrogé à la barre, N'Dri Yao nie les faits qui lui sont reprochés et soutient que dans la nuit du meurtre des policiers, il était en service. " Je conduisais cette nuit-là, le véhicule 24 en remplacement du véhicule 21 en panne. ", déclare-t-il. Cette version est contredite par les déclarations de l'un des collègues du prévenu. Le sergent-chef Kadio Alexandre affirme : " Dans la nuit du 15 février 2006, j'étais désigné pour la patrouille pédestre. Mais par manque de conducteur sur le véhicule 21, mes collègues de cet équipage m'ont demandé de combler le vide étant entendu que je suis un conducteur. Cette nuit-là, nous avons tourné dans la zone Nord PK 18 d'Anyama. Le MDL N'Dri Yao Aubin n'était pas avec nous. " En outre, les auditions de deux membres de la bande, qui ont réussi à s'évader du violon de la Préfecture, de police sont édifiantes et enfoncent le gendarme. Ces bandits, que sont Zida Toussaint et Armel dit Mélo, soutiennent que c'est bien le MDL N'Dri qui dirige depuis toujours leur gang. Il se trouvait avec eux quand les deux policiers de l'UIR sont arrivés sur les lieux. L'un des policiers abattus, le sergent Adayé Koffi Beaugard, et le chef de la bande se connaissaient bien. Et c'est pour cela que le gendarme de bandit ne voulant pas être découvert, a fait abattre froidement les deux policiers. En dépit de ses dénégations, le MDL N'Dri Yao Aubin a été déclaré coupable des faits de vol en réunion de nuit et à main armée. Suivant les réquisitions du parquet, le tribunal l'a condamné à 20 ans de prison et à 10 ans de privation des droits civiques.
Landry Kohon