jeudi 12 avril 2007 par Notre Voie

Cela faisait un mois que je ne t'avais pas revu. J'avais alors décidé de t'appeler ce vendredi 30 mars 2007, pour avoir de tes nouvelles. Bonjour Frère (c'est comme ça qu'on s'appelait), je suis passé à ton bureau, mais tu n'étais pas là, t'avais-je informé. Frère, je suis à la maison, j'ai rechuté et tout le monde m'a abandonné, m'avais- tu répondu d'une voix grésillante. Non, ce n'était plus cette voix de tonnerre qui émerveillait tout le monde qu'on te connaissait, et qui faisait ta particularité. Non frère, personne ne t'a abandonné, sûrement que le président de la République n'est pas informé de ton état de santé, t'avais-je rétorqué. Aussitôt après, je m'étais rendu avec un ami et frère que tu connais bien, Armand Bohui, à la résidence du chef de l'Etat. J'y avais trouvé sa secrétaire particulière. Mme Marcelline Obodou. La veille mère, comme nous l'appelions affectueusement, Tressia est très mal en point et il risque de mourir chez lui à la maison si rien n'est fait lui avais-je dit. Ce n'est pas vrai, ce que tu dis là ; nous n'avons pas l'information qu'il est malade. Immédiatement, elle avait pris son téléphone pour informer à son tour le Président Laurent Gbagbo. Sa réaction fut spontanée. Le chef de l'Etat avait aussitôt demandé qu'on lui fasse immédiatement venir ton épouse à sa résidence de Cocody. Ainsi ton épouse, née Kien Pascale Victorine avait été reçue par Mme Marcelline Obodou, secrétaire particulière du chef de l'Etat sur instruction de celui-ci. Après entretien, il avait été convenu que ton état de santé nécessitait qu'on t'évacue d'urgence en Tunisie. C'est alors que ton épouse et toi, accompagnés d'un médecin que le chef de l'Etat vous avait enjoint, embarquâtes le 4 avril 2007 pour la Tunisie. Mais tu n'arriveras pas à destination. Ta course s'étant arrêtée à Rabat, au Maroc, où tu as rendu l'âme le 9 avril 2007 à la Neuro-clinique où on avait dû t'hospitaliser d'urgence à cause de ton état de santé critique. Frère, ainsi tu t'en vas pour un voyage sans retour. Moi qui avais espéré que tu reviendrais totalement rétabli, je ne te reverrai plus jamais. Alors à la prophétesse Monney Jeanne qui disait que tu ne dois pas quitter tes auditeurs si vite, tu avais répondu : Non ça ne va pas finir comme ça. Eh bien ! Dieu en a décidé autrement.
Pourquoi si tôt ? Pourquoi maintenant au moment où le combat que tu as mené sans calcul commence à porter fruits. Non frère, je ne peux pas accepter que tu sois mort. Tu n'es pas mort. Et aussi longtemps que je vivrai, tu resteras vivant. En moi retentira à jamais ta voix de tonnerre. Cette voix à laquelle les Ivoiriens s'étaient familiarisés davantage pendant les durs moments de la sale guerre qu'a connue la Côte d'Ivoire. Toi qui, très tard la nuit, quant la vie de la Nation était menacée, partait de Yopougon. Traversant la forêt du Banco sans garde du corps, bravant les escadrons de la morts venus de Bouaké et que les armes crépitaient, pour aller tenir l'antenne de la Radio dans le but de remobiliser les populations. Qui ne se souvient de cet appel : Ivoiriens, Ivoiriennes, où que vous soyez, quoi que vous fassions, sortez maintenant et aller former un bouclier humain autour de la résidence du chef de l'Etat. Plus de 150 chars français sont stationnés à l'hôtel Ivoire à quelques centaine de mètres de la résidence du président Gbagbo ?
Non, tu ne peux pas mourir, toi le père de la célèbre émission Questions d'actualité qui a été à l'avant-garde du combat patriotique.
Non frère, tu n'es pas mort et tu ne mourras jamais.
Ton frère
Boga Sivori
bogasivori@yahoo.fr

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