jeudi 12 avril 2007 par Notre Voie

Il faut aider les communautés à prendre en main leur développement?. M. Youssouf Oomar est le représentant résident de l'UNICEF en Côte d'Ivoire. Dans cette interview, il explique les actions de l'UNICEF au profit des populations, particulièrement des enfants. Notre voie : Quelle est la contribution de l'UNICEF pour le retour effectif des personnes déplacés internes ?
Youssouf Oomar : L'UNICEF accompagne le retour des déplacés. Pour nous, ces personnes et surtout les enfants, qui vivent ici dans des conditions difficiles doivent retourner dans la dignité. Nous participons à la sensibilisation. Il s'agit de leur expliquer que les plus hautes instances de ce pays, avec à leur tête le président de la République, ont engagé un processus de sortie de crise. Donc, il faut qu'elles retournent chez elles au moment où les conditions de normalisation se mettent en place progressivement. Nous ne voulons pas faire d'eux des éternels assistés. C'est vrai qu'à un moment donné, la situation d'extrême urgence a fait que nous avons apporté notre assistance à ces déplacés pendant quatre ans. Mais, j'estime qu'un être humain digne ne peut pas rester là à tendre la main et à attendre. Il faut renter chez soit, et aider le pays à progresser. Les instances politiques ont déclenché le processus de retour de la paix. Ce processus est irréversible. On n'a pas d'autre choix que d'aller à la paix. Ceux qui veulent entraver ce processus n'ont pas leur place dans un pays qui se respecte. Ceux-là n'ont pas leur place dans un pays dont on est fier d'être des citoyens. Il appartient maintenant à chaque habitant de Côte d'Ivoire de prendre sa part dans le mouvement de renaissance et de relance du développement. C'est dans ce cadre que nous comptons renforcer ce que nous faisons déjà pour les aider à sécuriser leur environnement . NV. : Que faites-vous concrètement ?
Y.O : Je veux parler de la sécurité alimentaire qu'apporte le Programme alimentaire mondial (PAM). Je veux parler de la fourniture de l'eau potable, l'amélioration de la santé qui est nécessaire pour bien travailler. Voilà un peu comment nous voyons les choses. Nous allons accompagner ce mouvement de retour, de sorte que les localités de retour soient des zones de développement. Des zones où les déplacés pourront vivre comme des êtres normaux. Surtout, que les enfants puissent évoluer dans des environnements plus sécurisés. N.V. : Justement, la guerre a causé beaucoup de dégâts à l'ouest. Alors, que prévoit l'UNICEF pour que les enfants puissent mieux vivre dans les localités de retour ?
Y.O : Tout d'abord, nous avons pensé à la santé de l'enfant. La Côte d'Ivoire est un pays où le taux de mortalité infantile est très élevé. Aujourd'hui, ce taux est passé à 194 pour mille. Il y a dix ans de cela, la Côte d'Ivoire était à 150 pour mille. Pour nous donc, il est important d'assurer de meilleures conditions sanitaires à travers la vaccination et bien d'autres formes de protections contre les maladies. Il y a aussi l'éducation. L'école doit être un environnement protecteur pour les enfants. Il faut une école qui attire, une école que je qualifie d'amie de l'enfant. L'école doit aussi accueillir les filles et les protéger. En effet, elles ont besoin d'être protégées contre toutes les formes de violence.
N.V. : A propos de l'éducation, où en êtes-vous avec le programme de réhabilitation des écoles ?
Y.O. : Le programme de réhabilitation des écoles se poursuit. L'année dernière, nous avions déjà compilé 53 écoles. Cette année, nous avons en projet 250 écoles. Nous avons déjà terminé 10 écoles à Guiglo. Il faut préciser que notre action ne se limite pas seulement à la réhabilitation des bâtiments. Mais, nous fournissons également les meubles et des kits scolaires. Nous l'avons réussi grâce aux collègues des autres agences du système des Nations unies et des bailleurs, notamment l'Union européenne (U.E), les Canadiens, les Suédois et plusieurs autres partenaires qui sont toujours à nos côtés. Mais au-delà de ce programme, nous restons convaincus que la seule façon pour nous d'aller loin, c'est de renforcer les capacités des communautés de sorte qu'elles puissent prendre en main leur développement. Pour nous, l'éducation doit être la porte d'entrée du développement. N.V. : Quelle est la situation de l'enfant en Côte d'Ivoire ?
Y.O. : Sincèrement, l'enfant ivoirien se porte mal. Plus haut, j'ai cité le taux de mortalité infantile qui est très élevé. Je peux vous citer d'autres indicateurs. Par exemple, dans le domaine de l'éducation. Ce pays qui, en matière d'éducation, était un exemple dans la sous-région ouest- africaine ce pays, qui a formé des cadres parmi les meilleurs, se retrouve avec un taux de scolarisation qui avoisine à peine les 50%. Et j'avoue qu'en le disant, je suis beaucoup généreux. Pour nous donc, l'enfant se porte mal sur tous les plans. Nous devons continuer nos actions en faveur des enfants. N.V.. : Vous vous êtes engagés personnellement dans la lutte contre les violences faites aux jeunes filles. Ce plaidoyer porte-t-il des fruits ?
Y.O : Ecoutez, je suis très encouragé, car mon cri d'alarme est très écouté. Je côtoie régulièrement des gens sur tout le territoire national. Partout, je reçois des soutiens et des encouragements à poursuivre les appels pour que les enfants, particulièrement les jeunes filles, soient protégés. Je peux vous assurer que les Ivoiriens sont parmi ceux qui me soutiennent le plus. Je prends tout cela comme une invitation à persévérer. Car, travailler à la promotion de l'être humain, c'est tout un processus qui demande qu'on prennent beaucoup de risques. Et nous devons prendre ces risques-là si nous voulons y arriver. En Côte d'Ivoire, notre action est beaucoup facilitée par l'existence d'un formidable potentiel humain. Il faut seulement se donner la main et foncer.




réalisée à Guiglo par Faustin Yao K.

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