jeudi 12 avril 2007 par Le Patriote

En ouvrant le dialogue direct avec ceux qui ont pris les armes , la raison du Chef de l'Etat, Laurent Gbagbo ne souffrait d'aucun doute. L'ancien opposant historique à Félix Houphouët Boigny voulait tuer définitivement l'opposition civile, notamment le PDCI et le RDR, ses leaders charismatiques, Bédié et Ouattara. Le Chef de l'Etat, qui clame et réclame être arrivé au pouvoir par le biais de la bataille des héritiers , entendait se servir de cette aubaine des discussions avec la rébellion pour écarter ses irréductibles concurrents sur le chemin de la Magistrature Suprême. S'il a pu venir à bout du Général Robert Guéi, il fallait trouver un prétexte pour initier la marginalisation de ces deux autres poids lourds du microcosme politique. En prenant directement langue avec les hommes qui ont une armée et un territoire , Gbagbo avait deux idées précises en tête. D'un, faire douter Ado et Bédié sur les capacités réelles à gagner les prochaines élections. De deux, les mettre en conflit ouvert avec leur allié du G7, Soro Kigbafori Guillaume, à qui il ne cesse de faire un appel de pied et à le légitimer comme le partenaire incontournable dans le partage du pouvoir d'Etat. Ces pratiques ont- elles atteint la promesse des fleurs ? La réponse saute aux yeux. Le plan secret de Gbagbo n'a pas fonctionné comme le souhaitaient les laboratoires et officines de la refondation. De prime abord, la volonté d'écarter les deux chefs de grande frappe du dialogue direct n'a pas prospéré. Le Président du Faso, le facilitateur de la crise ivoirienne a eu recours à eux pour débloquer les entraves sur la voie de l'Accord de Ouaga. Le Président du Rassemblement des Républicains a fait porter de vive voix la position de l'opposition civile dans la capitale burkinabé. De deux, Gbagbo a encore échoué dans son entreprise de vouloir les exclure du gouvernement. Non seulement, le PDCI et le RDR y sont bien présents, bien plus, ils ont gardé tous les portefeuilles qu'ils avaient avant le départ du Premier Ministre Charles Konan Banny. De trois, c'est vraiment un leurre que de penser pouvoir les mettre hors jeu. L'imaginer un seul instant, c'est certainement méconnaître la réalité politique et sous estimer le poids réel de ces deux hommes d'Etat. Pour sûr, le conflit que vit la Côte d'Ivoire est d'abord politique et découle de la non résolution du contentieux qui oppose les grosses têtes du paysage politique. Cette palabre s'articule autour de la question identitaire, antérieure à la rébellion, l'exclusion des tenants de l'opposition à la dernière présidentielle, la répression contre les militants de l'opposition et surtout l'illégitimité d'un président mal élu. Peut- on raisonnablement régler ces problèmes, en dehors des chefs de file de l'opposition ? Sans eux et contre eux ? Cela aura tout l'air de vouloir soigner un cancer avec de l'aspirine. Au delà de ces réalités, il ne faut également pas perdre de vue que le PDCI et le RDR, constituent les premières forces politiques du pays. Les dernières élections l'ont démontré avec fracas. Au surplus, les deux locomotives de l'opposition sont adossées sur des bases fortes, qui n'ont jamais failli dans leur soutien à leurs formations politiques respectives. Concernant précisément le Rassemblement des Républicains, c'est la solidité et la mobilisation de ses partisans qui ont permis au Président Ouattara de venir à bout de toutes les adversités depuis la création du parti républicain. Plus que quiconque, Laurent Gbagbo le sait. C'est pourquoi, il est à se demander si le Chef de l'Etat croit à une telle éventualité. C'est vrai, le rêve est possible mais il est des rêves qui s'apparentent à de la folie. Par ailleurs, l'opposition civile sait pertinemment que c'est elle qui sera présente aux consultations à venir. Pour cela, elle ne doit pas se laisser attendrir par les cris d'orfraie et se battre pour aboutir à une bonne identification et à un établissement idoine du listing électoral, que le grand chef, conscient de sa minorité, veut tripatouiller à sa faveur. A dire vrai, ce sont les principaux enjeux qui attendent l'opposition et non les débats de petite frappe et les additions de calculette.

Bakary Nimaga

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