jeudi 12 avril 2007 par Le Patriote

Le président ivoirien Laurent Gbagbo semble avoir consolidé son pouvoir avec la formation du nouveau gouvernement, pourtant mené par le chef de la rébellion Guillaume Soro, et peut désormais espérer remporter les futures élections comme il l'entend, estiment les analystes. Après plus de quatre ans de crise et de statu quo depuis la tentative de coup d'Etat des rebelles contre M. Gbagbo en septembre 2002, l'histoire ivoirienne semble s'être subitement accélérée ces dernières semaines. Les événements se précipitent, au rythme de l'agenda frénétique prévu par l'accord signé par MM. Gbagbo et Soro le 4 mars à Ouagadougou: nomination de M. Soro, nouveau gouvernement, début le 16 avril de la suppression de la zone de confiance qui sépare le nord rebelle du sud loyaliste depuis quatre ans...
Le président ivoirien ne cache pas sa satisfaction. En célébrant les fêtes de Pâques dimanche à Bocanda (centre), il a annoncé qu'il fixerait prochainement par décret la date des élections, sans cesse repoussées depuis la fin de son mandat en 2005 en raison de la partition du pays. M. Gbagbo, cité par la presse locale, a également annoncé une prochaine tournée à travers la Côte d'Ivoire?, y compris dans le nord rebelle, où il n'a plus mis les pieds depuis 2002.
Alors que l'accord de Ouagadougou promettait un partage des pouvoirs entre MM. Gbagbo et Soro, nombre d'observateurs à Abidjan estiment que le très roué président a d'ores et déjà pris l'ascendant sur le jeune leader rebelle avec la formation du nouveau gouvernement, qui a vu le camp présidentiel renforcer ses positions en s'emparant de deux ministères sensibles (intérieur, défense). On pensait avoir un gouvernement différent des précédents. Or on reste dans le même schéma de partage politique, avec un centre de gravité qui a glissé vers le camp présidentiel?, déplore un diplomate occidental.
La presse ivoirienne reflétait le même sentiment. On se perd en conjectures en se demandant pourquoi le Premier ministre a fait de telles concessions au chef de l'Etat?, s'interrogeait mardi le quotidien Soir Info (indépendant).
Autre sujet d'interrogation, les pouvoirs de M. Soro. En mars, plusieurs responsables rebelles assuraient que leur leader n'accepterait le poste de Premier ministre qu'avec la garantie de disposer de pouvoirs réels. Rien n'a été précisé sur ce point jusqu'ici. Il semble difficile de croire que M. Gbagbo ait accepté de partager ses pouvoirs?, estime un diplomate européen, qui craint que Guillaume Soro ne se soit engagé un peu vite?. M. Soro ne pourra de plus guère compter sur un soutien très appuyé de la communauté internationale, mise à l'écart par l'accord de Ouagadougou. Il n'y a plus de rébellion en Côte d'Ivoire. Soro est le Premier ministre et c'est tout?, a souligné le conseiller spécial de M. Gbagbo et nouveau ministre de l'Intérieur, Désiré Tagro, en prenant ses fonctions lundi. Soit Soro arrive à fédérer l'opposition, et à prendre des décisions, soit il est condamné à laisser Gbagbo s'organiser?, note un diplomate européen. A Abidjan, beaucoup penchent pour le deuxième scénario. Gbagbo a toutes les cartes, politiques et autres, pour assurer sa réélection si il sent qu'il peut gagner?, estime en revanche un autre diplomate. On a le sentiment que le Premier ministre s'est fait avoir, qu'il a offert un boulevard à Laurent Gbagbo pour sa réélection?, admettait ainsi mardi Nord-Sud, proche de l'opposition et de la rébellion. D'autres observateurs politiques estiment plutôt que M. Soro a cédé aux sirènes d'un arrangement? avec le président dont il était proche lorsqu'il était leader étudiant, en acceptant sa future réélection en échange de la réintégration des anciens rebelles et de la normalisation politique.

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