jeudi 12 avril 2007 par Le Patriote

Laurent Gbagbo ne fait jamais rien pour rien. Toutes ses initiatives cachent des dessins dont lui seul détient le mobile. C'est un homme rusé qui cherche toujours à tirer le meilleur profit de toutes les parties qu'il engage. La dimension machiavélique est omniprésente dans les actions qu'il pose. C'est dans ce sens qu'il faut voir la proposition d'avoir un dialogue direct avec l'ex-rébellion qu'il a lancée le 19 décembre 2006. Ce mardi- là, lorsqu'il déclarait au cours d'un message à la Nation qu'il entend au cours de ce dialogue demander à ceux qui ont pris les armes contre leur propre pays de les déposer et de libérer le pays, le chef de l'Etat savait ce qu'il concoctait.
Les quatre années de crise que connaît la Côte d'Ivoire ont été marquées par de nombreuses rencontres et sommets auxquels ont participé les partis politiques. De Marcoussis où il y avait sept formations politiques (FPI, PDCI, RDR, UDPCI, MFA, UDCY, PIT) le nombre avait diminué pour ne rester, pour ce qui concerne l'opposition civile, que deux : PDCI et RDR. La présence de ces deux poids lourds de l'opposition civile, aux récentes rencontres, avait fini par porter ombrage au chef de l'Etat. Car pour lui, c'est Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara qui l'empêchaient d'avoir une emprise sur les décisions finales des réunions sur la Côte d'Ivoire. Désormais, Gbagbo avait arrêté son plan qu'il lui fallait exécuter à tout prix. Ce plan se résumait en ceci : mettre à l'écart l'opposition civile des négociations pour isoler les Forces Nouvelles. Et secundo tirer profit de cette situation pour opposer, entre eux, les alliés du G7.
L'équation ainsi posée, le Chef de l'Etat espérait obtenir des résultats en sa faveur. C'est pourquoi, tranquillement, il a lancé l'invitation aux Forces Nouvelles pour avoir un dialogue direct avec elles. Mais, son plan n'est pas passé inaperçu. Guillaume Soro en avait perçu la subtilité. C'est pourquoi, au fur et à mesure que se poursuivaient les discussions dans la capitale burkinabé, il tenait régulièrement informés les leaders du PDCI et du RDR. Le samedi 03 mars dernier, à la veille de la signature de l'Accord politique de Ouagadougou, le Secrétaire général des Forces Nouvelles s'était rendu à Abidjan pour faire le point des discussions à ses alliés du G7.
Acteurs incontournables du processus de sortie de crise, il était inconcevable de marginaliser les partis politiques de l'opposition. Le médiateur, le Président Blaise Compaoré, conscient de la position, sur l'échiquier national, de ces derniers, n'a pas non plus pris le risque de les écarter. Compaoré a donc invité le PDCI et le RDR à Ouaga pour recueillir leurs avis sur les sujets qui étaient à l'ordre du jour. Alassane Ouattara, pour le compte du RDR et Alphonse Djédjé Mady au nom du président du PDCI, ont effectué en février dernier le déplacement de Ouagadougou. De ce fait, c'est un échec qui a sanctionné les démarches de Gbagbo. Mais, comme c'est un homme qui ne s'avoue jamais vaincu après le premier KO, il est revenu à la charge lors de la formation du gouvernement issu de l'Accord de Ouaga. Là encore, le Chef de l'Etat n'est pas parvenu à ses fins. Il reste donc à l'opposition de demeurer soudée.
Ferdinand Yao

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