jeudi 12 avril 2007 par Nord-Sud

Avec l'accord de Ouagadougou (4 mars 2007), les Ivoiriens espèrent enfin que les élections vont se tenir. Le camp présidentiel qui a pris une longueur d'avance dans la campagne sur ses adversaires poursuit sa conquête aux voix. L'opposition, elle, continue de se mirer dans ses statistiques.

Certitude et optimisme. L'opposition ivoirienne, réunie au sein du Rhdp est persuadée qu'elle sortira victorieuse des prochaines élections générales. Face à la machine du Fpi et son porte-étendard, Laurent Gbagbo, elle croit au triomphe. Cette conviction, le Pdci de Bédié, le Rdr de Ouattara, l'Udpci de Mabri et le Mfa de Anaky la fondent sur les pouvoirs dévolus (théoriquement) à la Commission électorale indépendante (Cei). Aussi, ces partis du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix se disent confortés dans leur certitude par cette disposition de l'accord de Ouagadougou: 1.1.1 Les Parties conviennent que l'inscription sur la liste électorale sera établie par l'Institut National de la Statistique (INS) et l'opérateur technique désigné par le Gouvernement pour l'identification. Ces deux opérateurs accompliront leur mission sous la responsabilité de la CEI. Pour eux, et selon le Code électoral, la Cei est la cheville ouvrière du processus électoral.

Le secrétaire général de l'Union pour la démocratie et pour la paix (Udpci), le Pr Alhassane Salif N'Diaye tout comme les autres alliés de son parti, compte sur les représentants qu'ils ont au sein des bureaux décentralisés de la Cei pour veiller à leurs intérêts. Nous ne sommes donc pas là les bras croisés, rassure Salif N'Diaye. Du côté du Rassemblement des républicains d'Alassane Ouattara, ils sont techniquement prêts. Sanongo Mamadou, le secrétaire national en charge des élections, heureux, lance : Ce n'est pas de la démagogie. De tous les partis politiques, c'est le Rdr seul qui est prêt. () A priori, le Code électoral désigne la Cei pour organiser les élections. Il sera difficile qu'on revienne en arrière où les préfets avaient une part prépondérante dans l'organisation des élections. J'ai foi et je compte sur notre organisation. Néanmoins, Sanogo Mamadou n'exclut pas une éventuelle intrusion dans le processus électoral du pouvoir en place (Fpi), à travers le ministère de l'Intérieur et de l'Administration du territoire, l'Institut national de la statistique (Ins) aux mains des hommes du candidat Gbagbo. Si l'Ins, chargé d'établir les listes électorales triche, nous allons mettre sur la place publique les anomalies et prendre nos responsabilités, prévient-il. Le conseiller du leader du Rdr, le ministre Amadou Soumahoro promet que son parti mettra tout en ?uvre pour qu'on ait des élections justes, transparentes et ouvertes à tous. Et nous userons de tous les moyens, car il s'agit de l'avenir de la nation et de chacun de nous. C'est pourquoi, il rassure le Premier ministre Soro Guillaume du soutien du Rdr à son gouvernement dont la mission première est de permettre l'organisation des élections pour sortir de la crise.

Du côté du vieux parti, le Pdci, le Pr Djédjé Mady par ailleurs président du directoire du Rhdp, une commission travaille sur les annexes de la plateforme signée à Paris par les houphouétistes. Il espère qu'elle accouchera d'une stratégie de conquête du pouvoir. Aussi, il refuse que l'opposition s'inquiète du fait que le ministère de l'Intérieur soit aux mains du Fpi. Ce sont des idées défaitistes. S'il n'y avait pas eu la guerre, qui allait organiser les élections, n'est-ce pas le régime au pouvoir ? Donc, il faut être prêt à faire face à toutes les difficultés. Il ne faut pas trouver des prétextes pour expliquer une éventuelle défaite. Quand on connaît les difficultés, on se prépare en conséquence, conseille-t-il à ses alliés au sein du Rhdp. Pour ne pas être pris de court, son parti est depuis un mois, en tournée sur toute l'étendue du territoire pour sensibiliser et mobiliser les militants.

Dans les différents états-majors de l'opposition, on se refuse à dévoiler la stratégie pour contrecarrer Gbagbo et le Fpi sur le terrain. Aussi, les données sur les listings électoraux et les résultats aux dernières consultations générales (mairies, conseils généraux), sont pour eux, des indices de la victoire si tout reste en l'état. Mais depuis l'éclatement de la crise militaire, beaucoup de choses se sont passées en Côte d'Ivoire. L'euphorie de Gbagbo et sa subite volonté d'aller aux élections doivent donner à réfléchir à l'opposition. Elle doit se réveiller et dépoussiérer ses statistiques

Kossou Jean-Marc

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