jeudi 12 avril 2007 par Nord-Sud

Entre la police spéciale de la Sotra chargée de la surveillance des couloirs aménagés pour les bus et les automobilistes, les rapports sont de plus en plus tendus. Les seconds trouvent excessive l'amende de 22.500F qui leur est infligée en cas de violation de ces espaces.

Mamadou Meïté, agent de liaison dans une entreprise de la place, est pris dans un embouteillage sur le boulevard Botreau Roussel qui passe devant la Banque centrale des Etats de l'Ouest (Bceao). Il doit se rendre urgemment, ce vendredi 30 mars, à Treichville et Marcory déposer des articles chez des clients. Devant la lenteur de la longue file de véhicules, l'agent de liaison jette un regard sur la voie de gauche réservée aux bus de la Société des transports abidjanais (Sotra). Ne voyant aucun élément de police, il quitte sa file et déborde sur sa gauche, vide de véhicules. Malchance pour lui, deux agents sortent de l'ombre et à coups de sifflet stridents, lui intiment l'ordre de stationner. Les pièces du véhicule, lancent-ils. L'automobiliste se met à supplier les agents de sécurité qui lui tendent la contravention de 22.500Fcfa à payer au siège de la Sotra à Vridi. Pardon chef, répète Meïté à plusieurs reprises sans réussir à faire revenir les flics sur leur décision. Le lendemain, il se rend au siège de la société de transport récupérer les pièces du véhicule après être passé à la caisse. L'agent de liaison n'ignorait pas que la voie qu'il a empruntée était réservée uniquement aux véhicules de la Sotra. Il est passé en espérant que la police ne le verrait pas. La chance ne lui a pas souri. A Adjamé, sur le boulevard Nangui Abrogoua, les chauffeurs de minicars appelés gbakas, sont régulièrement aux prises avec les agents de la Sotra. Quelques instants après notre arrivée vers la grande mosquée, un conducteur de gbaka, à une heure de pointe, quitte sa voie pour emprunter celle des bus.

Des policiers en embuscade !

Trois policiers sortent de leur cachette et se placent devant le véhicule pour réclamer les pièces du gbaka. Le chauffeur refuse d'obtempérer et accélère pour tenter d'échapper à la contravention de 22.500 FCFA. Arrête toi sinon je t'allume tout de suite (Ndlr-je tire) !, lance un des agents de police qui avait pointé son arme en direction du chauffeur. Devant ses menaces, le chauffeur finit par donner les pièces du véhicule. Ce jour-là, plusieurs autres chauffeurs ont vu les pièces de leurs gbaka retirés pour avoir emprunté la voie des bus. Il n'y a pas que des chauffeurs de gbaka qui ont maille à partir avec les policiers de la Sotra. Les conducteurs des véhicules personnels sont aussi concernés. Jean Baptiste, cadre dans une entreprise privée, parti faire des emplettes au forum d'Adjamé est tombé un après-midi dans les filets des agents chargés de surveiller le couloir des bus d'Adjamé (Nagui Abrogoua). Venant du côté du Centre anti- tiberculeux (Cat), il emprunte la voie centrale réservée à la Sotra. Quelques mètres de circulation dans le couloir, il est arrêté par un agent de police. Jean Baptiste explique aux policiers que les voies latérales réservées aux automobilistes sont obstruées par les commerçants, donc impraticables au risque de provoquer un accident. J'ai donc emprunté cette voie parce que je n'avais pas le choix, explique-t-il. Ce n'est pas notre affaire. Vous ne devez pas emprunter cette voie des bus. C'est tout ce que nous savons, rétorque l'un des agents pendant que l'autre prépare le papillon. Jean Baptiste prend le bout de papier, s'engouffre dans son véhicule, claque la porte et démarre en trombe en proférant des jurons. Si certains automobilistes empruntent les couloirs de bus en sachant bien ce qu'il leur en coûte, d'autres par contre ignorent tout de ces couloirs privés. Le chauffeur de dame Koné Salimata venue de Dabou pour une consultation prénatale, a emprunté la voie des bus sur le boulevard de la République au Plateau. Deux agents de police arrêtés du côté de la Sorbonne solidarité, ont arrêté le véhicule et récupéré ses pièces pour établir la contravention de 22.500F. Le chauffeur et sa patronne ont plaidé l'ignorance. En vain. La dame a alors proposé la somme de 2.000Fcfa à l'agent qui lui a exigé 5.000Fcfa. Après plusieurs minutes de supplication, le policier a fini par accepter le montant proposé par la dame. Un autre automobiliste explique qu'il n'y a aucun panneau signalant les couloirs réservés au bus. Nous pensons que des agents de police refusent sciemment de placer ces panneaux afin de continuer à racketter les conducteurs, soutient Joël Kouassi, une victime de la traque. Le commissaire Gaoussou propose que les autorités imposent à la Sotra l'implantation des panneaux de signalisation.

Nomel Essis (Stagiaire)

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