L'ossature du gouvernement du Premier ministre Guillaume Soro est diversement interprétée par les populations des zones Forces nouvelles. Nombreux sont les habitants qui soutiennent ne pas se reconnaître dans ce gouvernement censé conduire la Côte d'Ivoire à la paix. Ils dénoncent certaines insuffisances et incohérences. Ces populations jugent pléthorique le nombre de 33 ministres. Le Premier ministre devait travailler avec une équipe restreinte comme c'est le cas actuellement en Guinée avec Lansana Kouyaté , suggère M. Koné Zakaria. Pour cet homme d'affaires, le ministère du Tourisme et de l?Artisanat ne convient pas à Konaté Sidiki, porte-parole des Forces nouvelles. Il s'explique: Ce monsieur qui a beaucoup donné lors des discussions de Ouaga mérite un ministère qui engage directement le processus de sortie de crise comme la Communication, la Défense ou la Sécurité. Beaucoup conçoivent difficilement que les FN aient cédé les ministères de la Défense et de la Sécurité au camp présidentiel. Gbagbo a la Défense et la Sécurité. Pensez-vous que la guerre peut finir ainsi ? s'interroge une sexagénaire qui estime que Guillaume Soro et ses hommes devaient occuper un des ministères clés. En principe, les parties en conflit doivent se partager les Ministères de souveraineté. Dans le cas contraire, il faut les laisser à des personnalités neutres. La Sécurité devrait revenir à Djah Blé Joseph , analyse un autre dépité qui pense que Soro veut faire du neuf avec du vieux. A côté des sceptiques, les farouches partisans du Premier ministre ne se laissent pas abattre par l'ossature du nouveau gouvernement. C'est le cas de K. Nestor, étudiant en droit. Les Forces nouvelles ne pouvaient tout de même pas avoir gain de cause partout. Ils (ex-rebelles) ont obtenu la primature avec sept postes ministériels et douze autres ministères pour leurs alliés du Rhdp. Il fallait qu'ils cèdent quelque chose. C'est cela le compromis politique , se défend-il. M. Gouanou Benjamin, enseignant volontaire, s'inscrit dans cette logique. Ayons confiance les uns dans les autres. C'est le manque de confiance qui nous a conduits dans cette situation , propose-t-il. L'ampleur des débats a poussé les autorités politiques des Forces nouvelles à organiser une conférence de presse le week-end pascal pour apaiser la population. Cissé Sindou, directeur de cabinet adjoint de Guillaume Soro, a invité les populations restées dans les zones ex-assiégées à accepter le processus de paix en cours. Il faut que nos populations sachent que nous sommes dans un état de collaboration avec Laurent Gbagbo et non dans un état de belligérance. L'esprit de non belligérance doit prévaloir, a conseillé ce cadre des Forces nouvelles qui précise que les membres du gouvernement du Premier ministre Soro sont en mission pour la Côte d'Ivoire.
Allah Kouamé
Correspondant régional