jeudi 12 avril 2007 par Le Temps

A la faveur du passage de la caravane de la paix dans le Département de Jacqueville, M. Népri Beugré, président du Conseil général a accepté de lever un coin de voile sur sa gestion et ses difficultés. Entretien. M. Népri Beugré, vous êtes le président du Conseil général de Jacqueville. Depuis le passage du président de la République dans le département, qu'est-ce qui a changé ?
Lors de son passage, le Président nous a effectivement mis devant un fait : "il n'y a que le travail qui paie, il n'y a que l'union qui donne des résultats ". Ces conseils font que le Département de Jacqueville connaît une bonne période de développement
Que pouvez-vous nous citer comme exemples de réalisation du Conseil général ?
En prenant les choses en main, nous nous sommes rendus compte qu'en matière de collecte sanitaire, il y avait beaucoup de problèmes. Nous avons donc axé notre priorité sur l'éducation sanitaire. Aujourd'hui, beaucoup d'écoles, aussi bien dans la sous-préfecture que dans la commune (qui n'est pas de notre compétence), ont été construites. Plusieurs centres de santé ont été réhabilités. Maintenant, nous allons nous attaquer au recul de la pauvreté, en mettant en place des structures qui vont permettre de créer des richesses. Il y a également des petites unités industrielles que nous entendons mettre en place, pour permettre aux jeunes de travailler et avoir, ainsi, un emploi.
Jacqueville regorge des sites touristiques. Que comptez-vous faire pour réveiller ce secteur dans le Département ?
C'est vraiment une préoccupation pour nous. Rien qu'à prendre l'exemple du village de Tiagba, qui est un village connu de partout dans le monde. Nous devons effectivement faire en sorte que le tourisme connaisse un essor dans le Département. C'est pour cela que nous allons, très rapidement, aider à la création d'une structure touristique. Mais dans un premier temps, ce sera une structure qui doit être constituée de capitaux à cent pour-cent (100%) du Conseil général. C'est pour dire que nous allons intéresser toutes les bonnes volontés de la région
Quelle sera sa mission ?
Cette structure aura pour tâche de créer des réceptifs aussi bien à Jacqueville que dans tous les villages en bordure de la lagune Ebrié. Vous le savez, le Département possède de belles plages côté maritime, mais également, côté lagunaire. Vous n'avez qu'à aller à Nigui-Saff, à Nigui-Assoko ou à Tiagba. Dans ce (dernier) village, nous envisageons, par exemple, aider les populations à construire des maisons sur pilotis modernes, pour qu'on garde l'aspect qui, à l'époque, attirait les touristes. C'est pour cela d'ailleurs, que nous insistons beaucoup sur la construction du pont de Jacqueville. Avec cette construction, l'ensemble de la région sera relié et je pense que le développement va véritablement décoller. Mais en attendant le pont, vous avez le bac. Qui du Conseil général ou de la mairie en a la gestion?
Sur ce problème, je voudrais être très clair. Le bac se trouve sur une route départementale. De ce point de vue, sa gestion doit être l'affaire du Conseil général. C'est vrai que les textes ne sont pas encore pris. Mais comme ces choses seront harmonisées dans le cadre de notre fonctionnement, avec la prise du décret concernant le transfert de compétences, nous ferons en sorte que la mairie ne soit pas amputée des problèmes techniques, si nous devrions avoir la gestion technique du bac. Une fois que cela est fait, nous saurons prendre notre responsabilité à ce moment-là. Si les choses doivent se passer comme vous l'avez dit tantôt, où se trouve donc le problème ?
Ce qui se passe à Jacqueville, c'est que l'Etat a concédé de façon exceptionnelle, le prélèvement des taxes à la mairie, pour l'aider à constituer son budget. Mais nous sommes très peinés de voir une gestion approximative, voire hybride du bac. Il n'y a aucun entretien préventif. On attend que des pannes surviennent, avant de faire des réparations. Il n'y a même pas un an et demi que les deux moteurs ont été achetés. Mais déjà, nous avons des problèmes. Il y a quelque chose à faire. On trouvera toujours un compromis sur l'aspect financier. Nous voulons seulement avoir des bacs fonctionnels en permanence, en attendant le pont
Qui doit construire ce pont ?
C'est un projet qui est directement géré par le ministère des Infrastructures économiques. Mais nous aussi, nous allons accompagner le ministère. Parce qu'il y a d'autres problèmes qui y sont liés. Il s'agit notamment des problèmes environnementaux, des problèmes sociaux etc. Les élus que nous sommes, allons faire en sorte que l'Etat soit épaulé, afin que ce projet aille à son terme. Pour nous, ce projet de la construction du pont a atteint un stade irréversible. Nous voulons donc voir les appels d'offres lancés. Le Président de la République a souhaité que les sociétés exploitant les ressources pétrolières et gazières du Département, reversent des ristournes au peuple de Jacqueville. La volonté du chef d'Etat est-elle respectée ?
Ecoutez, nous sommes en train de négocier. Ce que je peux dire, c'est qu'en matière de ressources, il ne faut pas faire comme dans certains pays, où des gens brûlent les pipelines. Aujourd'hui, il faut négocier et c'est ce que nous faisons. L'Etat connaît nos besoins. L'Etat connaît aussi ce que la Côte d'Ivoire tire des richesses de Jacqueville. Mais avant la découverte du pétrole, la voie bitumée, du carrefour en venant du bac jusqu'à Jacqueville, l'a été grâce aux ressources du café et du cacao. C'est une ressource appartenant à toute la Côte d'Ivoire, mais nous, à Jacqueville, nous demandons un peu de ristourne pour véritablement amorcer le développement, dans la sérénité. Les négociations sont bien avancées. Et je pense que par rapport aux promesses du chef d'Etat, les choses rentreront dans l'ordre très bientôt. Quelles sont les insuffisances que vous souhaitez corriger, dans vos actions de développement ?
Nos difficultés sont énormes. Il n'y a pas de ressources, mais ce n'est pas pour autant qu'on doit ignorer que les problèmes sont nombreux et réels. C'est pourquoi, notre premier souhait, au niveau intérieur, est le retour rapide de la paix dans le pays, pour que le niveau de financement promis par l'Etat, c'est-à-dire, les 3 milliards, soit effectif. Deuxièmement, il faudrait qu'avec la paix, la communauté internationale puisse nous faire confiance à nouveau, afin que les Conseils généraux puissent accéder à des fonds extérieurs. Aujourd'hui, lorsque vous allez négocier des prêts à l'extérieur, les gens sont inquiets. Ils se demandent si vous pouvez rembourser. Tout simplement parce que le pays est en crise. Mais avec la paix qui se dessine à grand pas, nous pouvons, non seulement avoir des ressources importantes à l'intérieur, mais aussi bénéficier de la confiance des instances internationales, pour avoir des fonds additionnels. Qu'en est-il de vos relations avec les autres élus du Département ?
Nous sommes en de très bons termes. Qu'on soit maire, député ou président de Conseil général, tout le monde doit comprendre que nous sommes à la tête d'entités de l'Etat de Côte d'Ivoire. Des collectivités qui sont notamment appelées localement les infrastructures. Je pense donc qu'il n'y a pas lieu d'être en porte-à-faux avec qui que ce soit. Bien au contraire, c'est l'union qui fait la force. En tout cas, ici nous nous entendons parfaitement. Et je souhaite que cela soit ainsi pour les futurs élus.
Frimo D. Koukou
koukoudf@yahoo.fr

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023