jeudi 12 avril 2007 par Le Temps

Le confrère Hyacinthe Kakou, habitué des planches, retrouve cette fois, les rayons des librairies avec une pièce de théâtre intitulée "On se chamaille pour un siège".La page de couverture donne déjà le ton du contenu. Quatre personnes se battant pour un fauteuil, ne peuvent donner qu'un tel nom à l'ouvrage. On se chamaille pour un siège est un titre trouvé. Et à juste titre d'ailleurs. Puisqu'il pose la récurrente question du pouvoir en Afrique. Cette comédie écrite au début de la décennie 1980 par le confrère Hyacinthe Kakou prend souvent des allures d'une ?uvre prémonitoire, tant il est d'actualité. Des critiques continuent d'ailleurs de se demander pourquoi un tel ouvrage est resté durant plusieurs décennies, dans les tiroirs des maisons d'édition. Surtout qu'il a été primé au festival de théâtre scolaire et universitaire en 1982. Tout compte fait, Valesse Editions vient de donner une chance à cette création qui charrie à la fois l'ire et le rire. On se retrouve dans une sorte de théâtre vaudevillesque avec une succession d'intrigues et de complots. L'histoire se déroule dans un village imaginaire appelé Ikpo et peuplé en grande partie de paysans analphabètes. L'un d'eux, Djinnan, un véritable clown, nourrit des ambitions politiques. Il veut être aussi député. Tout comme sa fille mariée en ville à un blanc. C'est le point de départ d'une " bagarre ", d'une suite de déchirements. Le député Boka dont le mandat court, est souvent aux prises à ses adversaires. En fait, " On se chamaille pour un siège " pose l'épineuse question du pouvoir en Afrique avec tous ses coups tordus. On occulte les problèmes essentiels pour se " chamailler " sur des détails. Ce qui vide évidemment de son sens, l'expression " programme contre programme ". La pièce, c'est aussi l'Afrique sous le poids des pesanteurs sociales. Une femme peut-elle prétendre diriger des hommes ? Oui mais il y a toujours dans l'entourage, des réactionnaires pour brandir la tradition comme un chiffon rouge. Dans ce méli-mélo souvent hostile, Tinanoh, la fille de Djinan réussit à s'offrir le siège. Hyacinthe Kakou, aborde une question qui a certes pris un coup de ride, mais qui reste encore d'actualité. On ne dira pas que l'Afrique n'est toujours pas en proie aux conflits culturels. L'ouvrage prend même souvent des allures d'une propagande religieuse. " Jésus est le chemin, la vérité et la vie ". C'est la phrase qui manque à la bouche de Tinanoh. Elle prétend avoir été élue grâce à Jésus qui est venu à bout des dieux africains. Peut-être que Hyacinthe Kakou se laisse trahir par ses croyances religieuses. Tout compte fait, la pièce reste d'actualité. Pendant ces "Temps qui tanguent ", Jésus n'est-il présenté comme la seule solution ?

Guehi Brence

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