Le cinéaste et écrivain sénégalais, Ousmane Sembène est décédé à Dakar dans la nuit du samedi à hier dimanche à la suite d'une longue maladie, à l'âge de 84 ans. Considéré comme l'un des doyens des cinéastes africains, il avait à son actif 12 films dont le premier, Borom Saret, est un court-métrage réalisé en 1963.
Parmi ses films les plus connus figurent "Le Mandat", "Xala", "Ceddo", "Guelwaar" et "Camp de Thiaroye", tourné en 1987, qui retrace le massacre de tirailleurs sénégalais à Thiaroye, dans la banlieue de Dakar, le matin du 1er décembre 1944. M. Sembène, 84 ans, était aussi l'auteur de neuf romans et essais dont le plus célèbre est sans nul doute "Les Bouts de Bois de Dieu", publié en 1960, roman dont la trame est la grande grève menée en 1947 par les cheminots du Dakar-Niger, le chemin de fer reliant Dakar à Bamako, la capitale du Mali. Faisant parti des classiques de la littérature africaine, "Les Bouts de Bois de Dieu", figurent dans le programme scolaire de plusieurs pays africains dont la Côte d'Ivoire. Son premier long-métrage, "La noire de ...", est considéré comme le premier long-métrage négro-africain.
Ousmane Sembène a été récompensé à deux reprises au festival de Venise. Il a reçu le prix de la critique internationale pour "Le mandat" en 1968, et le prix spécial du jury en 1988 pour "Le camp de Thiaroye", un film retraçant la violente répression de tirailleurs sénégalais réclamant leur solde par l'armée française.
M. Sembène avait gagné de nombreux prix cinématographiques dont celui du meilleur film étranger qui lui a été décerné en 2004 par la critique américaine et le prix spécial du jury au festival international de Marrakech, au Maroc.
Né en janvier 1923 dans une famille de pêcheurs à Ziguinchor, dans le sud du Sénégal, Ousmane Sembène, avait été mobilisé en 1942 par l'armée coloniale française et avait vécu en France de 1946 à 1960 où il avait travaillé comme docker au port de Marseille. Pendant son séjour en France, il avait adhéré à la Confédération générale des travailleurs (CGT), au Parti communiste français (PCF) et, comme ses camarades, il avait milité contre la guerre coloniale française en Indochine et pour l'indépendance de l'Algérie. Ecrivain et cinéaste, il était membre-fondateur du festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadan (Fespaco), organisé tous les deux ans.
Ousmane Sembène doit être inhumé lundi à Dakar, a indiqué M. Delgado.
Auguste Gnaléhi