jeudi 13 septembre 2007 par Le Matin d'Abidjan

Dans une interview que nous avons publiée récemment dans nos colonnes, Bernard Doza accusait le président du RDR, Alassane Dramane Ouattara de briguer la magistrature suprême en Côte d'Ivoire, afin de mieux défendre les intérêts de la France en Côte d'Ivoire. Dans la 2ème partie de l'interview, le politologue n'est pas tendre avec tous ceux qui ont participé à la gestion du pays sous le feu Houphouët-Boigny.

Vous avez déclaré récemment que le président du RDR est un agent du FMI. Concrètement, Alassane Dramane Ouattara est-il le réel problème en Côte d'Ivoire ?
Je pense que quand un enfant naît, il a un père et une mère. S'il reçoit une éducation en allant à l'école, il a tout de même une éducation de base. Donc, la crise ivoirienne a des origines. Il y a eu des gens qui ont posé des actes en Côte d'Ivoire et aujourd'hui on veut brouiller les pistes. On refuse de faire le bilan de l'houphouétisme. Depuis l'arrivée de Gbagbo, les anciens dignitaires ont fait en sorte que l'on les oublie. Ce sont eux qui font la queue au palais en vue de récupérer une côte part. Quand je vois des gens comme Bra Kanon, Camille Aliali, Gaston Ouassenan Koné, Léon Konan Koffi qui ont le sang des Ivoiriens sur leurs mains nous distraire aujourd'hui encore, je crois qu'il est temps de poser les vrais problèmes de la crise. Si la guerre est arrivée, c'est bien parce que là où le peuple attendait pour élire son vrai président, il a désigné à sa succession quelqu'un qui est connu pour avoir les mains sales alors qu'il n'était que simple ministre. Henri Konan Bédié est en effet l'homme qui prenait 2% sur toutes les aides que recevait la Côte d'Ivoire de l'extérieur lorsqu'il était ministre de l'Economie, poste qu'il a occupé dès 1966. En 1975, il a fêté sa fortune estimée à 7 milliards. En 1977, il a détourné près de 35 milliards. Avant sa chute en 99, il venait de détourner 18 milliards de l'UE. On se souvient encore de la raison de sa chute. Son ministre de la Défense de l'époque et lui-même se sont partagés les primes de guerre octroyées par l'Onu aux soldats ivoiriens qui venaient de faire des coups de feu à Bangui. Qu'est-ce qui reste de la mémoire du peuple, si on tolère tous ces criminelles au nom d'un retour de la paix au pays ? Si aujourd'hui on n'emprisonne pas un Bédié ou un Léon Konan Koffi, sur quelle base voulez-vous demain condamner les criminelles qui sont venus avec la rébellion ? Les Soro Guillaume, Wattao et autres. Puis qu'on a pris l'habitude de pardonner à tous ceux qui tuent en Côte d'Ivoire.

Mais tout ceci est du passé, lorsque vous parlez de la gestion de l'ancien régime.
Je ne comprends pas. Il y a eu une déportation de Juifs vers l'Allemagne il y a des siècles, en 1940. Cette année encore on continue de fêter la commémoration des 6 millions de Juifs déportés dans les camps de concentrations et tués en l'Allemagne. Il y a qu'en Afrique où on tue la mémoire parce que cela permet à certains de s'installer et rester aux commandes du pouvoir. Mais moi, Doza je dis qu'en Côte d'Ivoire, nous allons faire le procès de l'houphouétisme. Du complot du chat noir en 58 jusqu'à la rébellion de 2002. Tous les criminels qui sont venus renverser le régime de Gbagbo et qui ont plus de 300 morts la seule journée du 19 septembre seront jugés.

Philippe Kouhon
(correspondant Europe)
Philippe.kouhon@gmail.com

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