vendredi 12 octobre 2007 par Fraternité Matin

Des jeunes de la commune avaient exigé, au cours d'une marche, le départ du maire. Pour en savoir plus, nous avons rencontré le premier responsable du Conseil municipal. M. le maire, une marche a été organisée récemment par les jeunes du Cojep pour protester contre votre gestion. Quelle explication donnez-vous à cela ?
Ce n'est pas parce qu'un groupe manifeste qu'un maire est démis ou doit démissionner. La manifestation dont vous parlez ne pouvait donc pas me faire partir. Il s'agit en fait d'évènements malheureux qui n'honorent ni la commune de Guitry, ni ses auteurs. Ces jeunes manifestants l'ont malheureusement compris après. Mais mieux vaut tard que jamais. Nous sommes revenus à la solution du dialogue et d'information que j'avais préconisée au départ. Pour ma part, l'origine de ces évènements réside dans l'incompréhension ou le manque d'information sur certains faits. A plusieurs reprises, nous avons pris rendez-vous avec les auteurs visibles de ces tristes évènements. Mais chaque fois, il n'ont pas répondu à l'appel bien qu'ils m'aient adressé eux-mêmes un courrier dans ce sens. Pourquoi ne sont-ils pas venus à votre rendez-vous ?
A la lumière des événements, nous commençons à comprendre. En effet, à la veille des manifestations, j'ai dû modifier mon programme pour rentrer à Guitry. N'oublions pas que nous sommes en politique et certains acteurs pensent que la politique n'a pas de moral ou d'éthique et que tous les coups sont permis. On a fait de la récupération politique des inquiétudes et des questions de la jeunesse pour la manipuler et m'atteindre. A preuve, plusieurs correspondants de presse étaient présents la veille des manifestations. Et des véhicules ont été loués pour transporter les jeunes depuis les villages. La situation aurait été pire si nous n'étions pas arrivés à canaliser d'autres groupes de jeunes pour éviter l'affrontement. On demande mon départ. Bientôt nous irons aux élections. Il est donc élégant d'aller aux élections pour laisser à la population de décider. Nous avons la ferme conviction d'avoir fait des réalisations pour la commune.
Comment se présente la situation actuellement ?
Tout est rentré maintenant dans l'ordre par le dialogue. Les jeunes et moi avons échangé. Nous nous sommes compris. Les bureaux de la mairie qui étaient fermés ont rouvert une semaine après. Précisément, le lundi 3 septembre. L'on vous reproche une gestion approximative de la commune. Qu'en est-il exactement ?
Dans la discussion que nous avons eue avec les jeunes, cette accusation était basée sur deux projets. A savoir, la réhabilitation du château d'eau de Brahéri et l'aménagement des espaces verts aux entrées de la ville. Le premier projet fait partie d'un ensemble de projets que j'ai présentés au Conseil général de Divo qui a accepté de les financer. C'est donc le Conseil général qui gère ce dossier. Mais étant entendu que c'est un projet que nous avons présenté et qui doit se réaliser dans la commune, il est donc de notre devoir de mener toutes les démarches pour qu'il aboutisse. Le projet n'est pas encore réalisé. On pense à tort que l'argent (28.000.000 F) a été décaissé et mis à la disposition du maire. Mais en réalité, les choses ne se passent pas ainsi en matière de finance. Cela est vérifiable dans les conseils généraux ou les trésoreries. Pour l'aménagement des espaces verts aux entrées de la ville, c'est une décision du conseil municipal dans le cadre de l'embellissement de la cité. Mais tous les entrepreneurs contactés pour la réalisation n'ont plus donné signe de vie. Justement parce que les petites communes comme la nôtre éprouvent en ce moment d'énormes difficultés financières pour régler leurs factures. Comme les entrepreneurs ne disposent pas de surfaces financières énormes pour supporter les longs délais d'attente pour le règlement des factures, alors les projets traînent. Le dernier que nous avons contacté a déjà entrepris les travaux préparatoires. Aucun fonds concernant pour l'instant ce projet n'a été décaissé. Le budget de la commune de Guitry est de 90 millions de francs. Il est très maigre. Les jeunes dans leur motion de destitution ont mis l'accent sur l'insalubrité dans votre commune. Quelle politique avez-vous menée pour lutter contre l'envahissement de votre cité par les ordures et les herbes ?
La loi nous impose que la masse salariale ne dépasse pas 35% du budget. Ce qui fait qu'à Guitry, nous n'avons que trois agents chargés de la salubrité. Nous détachons très souvent d'autres agents pour nous venir en renfort. Mais au regard du travail à abattre, cela s'avère malheureusement insuffisant. Le projet Thimo pour lequel nous sommes battus est venu régler ce problème d'insalubrité. Mais nous a permis en même temps de venir en aide à la jeunesse en lui offrant des emplois salariés. Nous avons des idées, mais les moyens financiers ne suivent pas. Pour le projet Thimo, il y a aussi des précisions à faire, car on m'accuse aussi à tort d'avoir rompu le contrat. Thimo qui signifie travaux à haute intensité de main-d'?uvre est un projet initié et financé par l'AGEPE et la BNI pour aider les jeunes à se prendre en charge. Le financement est limité dans le temps (un an). Ce projet est arrivé à son terme. Nous nous battons pour le relancer. Mais ce que, je voudrais aussi faire remarquer est que la salubrité est le problème de tous. Il faut en prendre conscience. Les jeunes du quartier CEG en ont donné l'exemple. Nous sommes prêts à les accompagner. On vous reproche votre manque de politique allant dans le sens des jeunes. Concrètement, qu'avez-vous fait pour la jeunesse depuis que vous dirigez la commune de Guitry ?
A notre arrivée en 2001 à la tête de la commune nous avons aidé les jeunes à participer au concours culturel Variétoscope. Aucune politique en milieu jeune ne peut être efficace sans un minimum d'organisation. Il faut toujours les regrouper, les organiser, les encadrer et les emmener à présenter les projets que nous finançons dans la mesure du possible. Nous avons tenté en vain de regrouper les jeunes à travers une union de jeunesse. Cela se heurte à une adversité terrible allant jusqu'à créer les conditions d'un affrontement fratricide dans notre jeunesse. Dans l'esprit de nos adversaires, nous voulons l'organiser à notre profit. Car selon leur logique, qui a la jeunesse avec lui part assuré de remporter les futures élections. Toute élection déchaîne des passions et dans cette frange de la population, il faut user de beaucoup de sagesse et de patience pour éviter le pire. Nous ne pouvions accepter des affrontements inutiles, des blessés ou des morts pour des élections. Maintenant qu'ils ressentent la nécessité de se regrouper à travers une union, j'en suis heureux.
Pouvez-vous nous faire un bilan partiel de vos activités ?
Etes-vous satisfait du travail effectué à la tête de votre commune ?
Nous voulons d'emblée donner l'essentiel de nos réalisations. Au niveau de la voirie et des réseaux divers, la mairie a ouvert des rues dans les quartiers et villages. Electrifié le village de Dioligbi. L'aménagement des espaces verts est en cours. Et Naneko et kobo lotis. S'agissant de la Santé, le dispensaire de Tehiri, l'électrification du dispensaire de Babokan ont été réalisés. La construction du logement de l'infirmier de Gnamboisso est en cours. Les jeunes ne sont pas oubliés. La cour de la maison de la jeunesse a été assainie. Au plan de l'éducation, l'école primaire publique 5 a été construite. Le lycée et l'inspection primaire équipée en table-bancs. La réhabilitation de deux bâtiments des écoles de Brahiri et Piakro sont en cours. Au niveau de l'administration, la recette municipale a été réalisée. La mairie a été équipée de plusieurs mobiliers et de matériel divers.
Nous ne voulons pas tomber dans l'autosatisfaction. Nous avons humblement le sentiment d'avoir fait quelque chose pour Guitry. Mais qu'on aurait pu faire nettement mieux. La volonté et l'ambition pour Guitry ont toujours existé, les idées et les projets ont toujours existé. Nous commençons notre mandat avec une énorme dette comme héritage. Il fallait s'en débarrasser très tôt pour nous donner les coudées franches afin de déballer notre programme. Une très grande partie des taxes et impôts échappait à la commune. En 2002, survient la guerre. L'aide de l'Etat est non seulement réduite de façon drastique mais arrive difficilement. Un collègue d'une grande commune d'Abidjan me confiait un jour que les marchés seuls de sa commune reversaient 6 millions de francs par jour au Trésor. Mais qu'il éprouvait toutes les difficultés pour faire payer une facture de 500.000 F par le même Trésor. Les partenariats et contrats que nous avons noués avec l'extérieur dès 2001 et dont les effets devaient se faire sentir au début de 2003 ont tout simplement été gelés du fait de la crise. Malgré toutes les explications.

Interview réalisée par
Soumaïla Bakayoko
Correspondant régional

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023