mercredi 12 décembre 2007 par Le Nouveau Réveil


Il est impossible que le président de la République ne perçoive pas ce que tout le monde voit, à moins qu'il ne soit totalement déconnecté de la réalité, ce qui serait loin d'être rassurant pour ses concitoyens. Son entourage le plus proche s'adonne au trafic d'influence, à la corruption généralisée, au x détournements de fonds, sans qu'il ne se sente interpellé à réagir. Empêtré dans des man?uvres politiciennes, le chef de l'Etat ne peut apparemment se résoudre à trancher dans le vif. Alors que les militaires loyalistes laissent de plus en plus ouvertement éclater leur insatisfaction, les grèves et revendications se succèdent les unes aux autres dans les services publics () tandis que la déliquescence des m?urs et du système éducatif s'accroît. Les rues et trottoirs d'Abidjan croulent sous le poids d'ordures ménagères, intoxiquant les populations de la capitale aussi sûrement que les déchets toxiques déversés au bord de la lagune Ebrié () avec la complicité ou grâce à l'incompétence de hauts responsables de la place, qui ont presque tous été maintenus à leurs postes après des suspensions homéopathiques.
() La glorification inconditionnelle des rebelles a envoyé des signaux sans équivoques aux jeunes générations ; "Tue et tu seras récompensé. Prends les armes contre tes citoyens et tu deviendras premier ministre. Viole, pille et n'apprends rien à l'école et les représentants des plus hautes institutions te recevront chez eux et te feront de grands sourires lors de manifestations officielles" Non. Ces morceaux choisis de texte ne sont pas d'un membre de la galaxie patriotique, excédé et agacé par les pratiques de la refondation. Ils sont attribués à Mamadou Koulibaly, selon le confrère "Le Patriote" qui en a fait une large exploitation dans son édition 2382 du mardi 11 septembre dernier. Selon le confrère, le président de l'Assemblée nationale a écrit cette lettre au vitriol sous le couvert d'une amie à lui et du nom de Mahalia Nteby le 30 août dernier.
A côté de cette contribution qu'on lui attribue, il y a aussi et surtout celle publication dans le quotidien progouvernemental "Fraternité Matin" du samedi 04 août 2007. Contribution signée de lui-même et au titre non moins évocateur de "Le blues de la République". Un condensé de critiques acerbes, un véritable pamphlet contre le régime FPI. En tout état de cause, le dauphin constitutionnel du régime n'a pas porté de gants pour stigmatiser la gestion de la refondation. Mais l'auteur de la contribution est futé. Il fait dire ce qu'il ressent à des "anti-refondateurs". Mais à la vérité, ces critiques ne sont pas très loin de ce que pense Koulibaly. " () L'attaque est orientée vers l'honorabilité, l'honnêteté, et les valeurs éthiques que les refondateurs étaient supposés appliquer. Ils ont échoué, dit-on. Dès que le pays leur été a donné, ils ont tué l'autorité de l'Etat. Ils vivent d'un populisme outrancier. Ils sont violents et corrompus. Non seulement ces refondateurs sont incompétents, mais en plus, ce sont des voleurs, des pilleurs, des "grilleurs d'arachides", toutes choses qu'eux-mêmes critiquaient quand ils étaient dans l'opposition". Plus que des "blues de la République" ces critiques pourraient bien aussi s'appeler "le spleen de Koulibaly". Tant elles traduisent son état d'esprit ainsi que son état d'âme normal et réel. Ce qu'il pense véritablement de la gestion de ses partenaires. Quand on critique ainsi un régime comme il l'a fait, les critiques en question sont directement dirigées contre le premier responsable du régime. En l'espèce, il s'agit de Laurent Gbagbo. En clair, c'est le dauphin constitutionnel qui critique son chef. Une espèce de "parricide" mais bien pensé. Agacé qu'il est par ce qui se passe dans la maison. Car pour que Mamadou Koulibaly prenne son stylo et écrive de telles missives dans les journaux, il faut bien qu'il soit vraiment agacé. Car au FPI, il existe un cadre au sein du parti, où se règle ce genre de problèmes. C'est ce qu'on appelle "le linge sale se lave en famille". Mais Koulibaly a décidé de laver le sien sur la place publique. Plus précisément dans les journaux. Toute chose qui a fait dire -et ce n'est pas loin d'être faux- que entre Mamadou Koulibaly et le chef de fil de la refondation, c'est le parfait "désamour". Le torchon serait en train de brûler.
Certaines personnes au c?ur de cette relation entre le chef de l'Etat et son dauphin constitutionnel évoquent aussi comme motif de cette mésentente, à la "je t'aime moi non plus" entre Koulibaly et la refondation, certains faits qui auraient heurté la dignité du président de l'Assemblée nationale. Lesquels? Seul Koulibaly est bien indiqué pour les révéler à l'opinion nationale et internationale. Sans toutefois nier qu'il s'est éloigné de la refondation, Koulibaly a déclaré sur les écrans de la RTI que ce qui l'oppose à Laurent Gbagbo n'est pas plus important que la vie et l'avenir du pays. Une façon bien enrobée pour lui de reconnaître qu'il y a péril en la demeure.
Une chose est sûre. Les Ivoiriens constatent, et avec eux, la communauté internationale, que pour les absences répétées et injustifiées de Mamadou Koulibaly, les sessions parlementaires ne se tiennent plus. Pas plus que les séances de travail. Par exemple, il avait été décidé que les parlementaires planchent sur la grande corruption et les détournements dans la filière café cacao ; mais à cause ou grâce à l'absence du président de l'Assemblée nationale, cette session n'a jamais eu lieu. Pourtant, elle aurait permis de dégager les responsabilités dans ce qui se passe dans ladite filière. Où des dizaines, voire des centaines de milliards se sont évaporées dans la nature. Et pour en rajouter au jeu de diversion dont raffole Mamadou Koulibaly, il a fait écrire dans deux journaux hier qu'il rentrait. A deux dates différentes. Dans "Notre Voie" on a pu ainsi lire que Koulibaly dit qu'il rentre au pays aujourd'hui mardi (Ndlr : hier). Dans "Nord Sud Quotidien", on a annoncé son retour pour le 21 de ce mois. Sacré Kouliably.
YVES-M. ABIET

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