Le deuxième producteur mondial de cacao, le Ghana voisin, vient d'afficher (fin novembre 2007), une production record d'un million de tonnes de cacao, alors que la campagne n'est pas encore achevée. Il pourrait bien coiffer au poteau, la production ivoirienne dont le tonnage est en moyenne autour de 1 300 000 tonnes. Et ce sera fini pour la Côte d'Ivoire qui, trop longtemps, s'est gargarisée du titre de premier producteur mondial de cacao, sans se donner véritablement les moyens d'assurer le maintien de ce leadership. Au déclenchement de la guerre, en 2002, le Ghana exportait 497 000 tonnes de fèves de cacao contre 1 300 000 tonnes pour la Côte d'Ivoire. En 2003, il a accru son volume en faisant 650 000 tonnes. Aujourd'hui, le Ghana présente 1 million de tonnes et son prix bord champ très incitatif n'a pas fini d'attirer nos planteurs de cacao, prêts à franchir la frontière pour y vendre leur production. Le Ghana a eu toutes ces performances alors que sa filière est totalement sous le contrôle de l'Etat, à travers le Ghana Cocoa Board (CGB). Chez nous, on a tout libéralisé. On a crée une pléiade de structures en C... plus budgétivores que la célèbre Caistab. On a décidé d'enrichir quelques planteurs-dirigeants qui vont en boîte de nuit et qui claquent partout les billets de banque, roulent en grosses cylindrées, alors que la majorité des planteurs continuent de tirer le diable par la queue. Mais cela n'émeut personne. Sur tous les plans, la Côte d'Ivoire est en train de reculer. A Accra, pas d'insécurité, pas d'insalubrité. Sa jeunesse travaille consciencieusement. A Abidjan, il y a l'insécurité et surtout l'insalubrité. Voyez le Plateau avec ses ghettos et ses agoras, ses baraques en plein centre-ville. Le maire voit, mais il feint de ne pas voir tout un immeuble pris en otage par une horde de dés?uvrés. Démission individuelle et collective. Les routes alors, n'en parlons pas. Il n'y a plus de routes dignes du nom à Abidjan. Les hôpitaux ?Ce sont des mouroirs. L'école et la formation de la jeunesse ? N'en parlons pas. L'école n'existe plus. La médiocrité y règne. C'est le nouveau label que porte ce pays foutu dont les jeunes, partisans du moindre effort, ne savent que boire, danser et baiser. Où voulez-vous aller avec une telle jeunesse ? Nulle part. C'est décevant, c'est à mourir de chagrin quand on sait que ce pays a été pourtant gâté par la nature (terres fertiles, lagune, mer, sol et sous-sol riches). Savez-vous, ce qui nous manque ? La discipline et la vision. La discipline, c'est l'organisation, l'ardeur au travail, la rigueur, la transparence, etc... La vision, c'est le rêve, l'idéal, la planification, la projection etc. Si nous n'y prenons garde, dans très peu de temps, on dira de la Côte d'Ivoire, comme on l'a dit du Ghana avant l'arrivée de Rawlings, Tu es tombé comme la Côte d'Ivoire . Et ça, les Ivoiriens lucides et intelligents ne peuvent pas l'accepter.
Raymond N'Cho