samedi 19 janvier 2008 par Le Temps

Le ministre des infrastructures économiques, Patrick Achi faisait partie des membres du gouvernement qui ont accompagné le chef de l'Etat, lors de sa visite en pays Akyé. Dans l'interview qu'il nous a accordée, le samedi dernier, il commente cette visite et dévoile les grands chantiers de son département. Quel rôle avez-vous joué dans la visite du chef de l'Etat ?
Un comité d'organisation a été mis en place, impliquant toutes les populations aux côtés du préfet qui était le président du comité d'organisation. Les uns et les autres ont, dans les registres qui sont les leurs, apporté leur contribution à la réussite de la manifestation. C'était une visite d'Etat, une visite républicaine. En ma qualité de ministre des infrastructures économiques, j'ai été sollicité par le comité d'organisation pour, comme cela s'est fait à Bouaké et lors des visites du Nord, préparer les sites des meetings, faciliter l'accès des populations aux sites. Et ici et là, d'autres contributions pour lesquelles j'ai été sollicité.
Vos sentiments après la visite
Mes sentiments après la visite, c'est qu'après Bouaké et les visites du Nord, le message extrêmement important que la guerre est terminée, la paix revient?, est un message qui a été entendu par les populations. Et donc, tout le monde est satisfait que cette paix-là leur parvienne aujourd'hui, par la bouche du chef de l'Etat.
Les retombées pour les populations
Naturellement, les populations attendent beaucoup, surtout qu'après cinq (5) ans de crise, toutes les infrastructures sont dégradées. Donc, elles attendent que ces infrastructures soient réhabilitées. Mais aussi que de nouvelles infrastructures soient développées. Comme le chef de l'Etat l'a dit, par rapport aux contraintes budgétaires, ce qui pouvait être fait, a été fait. Pour le reste, je pense qu'avec l'évolution de la situation, surtout la paix revenue et le retour des bailleurs de fonds, certainement que pour Adzopé et pour l'ensemble de la Côte d'Ivoire, d'autres choses seront faites. Beaucoup de doléances des populations portaient sur les infrastructures. En tant que ministre en charge de ce département, pouvez-vous dire que la Côte d'Ivoire a les moyens d'y faire face?
Vous avez dû remarquer que pour certaines doléances, le chef de l'Etat a été amené à dire que ce n'était pas possible. Ça veut dire qu'il regarde la disponibilité des ressources. Ce sont donc des programmes que le gouvernement a élaborés, et à l'intérieur des programmes, soit financés par la Côte d'Ivoire, soit par les bailleurs de fonds, que le chef de l'Etat a pioché pour pouvoir satisfaire ici et là les doléances qui étaient formulées. Donc, je pense qu'on est resté dans le cadre du programme réalisé par le gouvernement. Comment avez-vous accueilli la présence du Premier ministre, Guillaume Soro, au meeting de clôture ?
Naturellement, la présence du Premier ministre a donné un cachet véritablement républicain à une visite que certains auraient pu assimiler à une visite politique. Bien que les Institutions étaient là. Mais le Premier ministre est une Institution relativement importante. Je crois que sa présence à cette cérémonie, au-delà du caractère républicain, a été un signal fort de paix pour les populations. Il y a que le chef de l'Etat dit que la guerre est finie. Le disant, le Premier ministre Guillaume Soro est à ses côtés. Ce dernier prend la parole pour aller dans le même sens. Je crois que les populations touchent du doigt, une manifestation de la paix qui ne souffre d'aucune ambiguïté. Donc ça été quelque chose d'extrêmement important. C'est à saluer. Nous remercions le Premier ministre pour son sens de l'Etat, pour sa hauteur de vue et pour son engagement. A quand le début effectif des travaux du prolongement de l'Autoroute du Nord après le premier coup de pioche ?
Effectivement, le Premier ministre, mais également le chef de l'Etat, ont indiqué qu'ils feraient une visite du chantier de l'Autoroute du Nord parce que l'impression que tout le monde a, et ça traduit votre question, c'est que les travaux n'ont pas démarré. En fait, les travaux ont démarré en terme d'ouverture de voix. On est déjà arrivé à Toumodi. On est en train de faire le terrassement. Mais les travaux sont parallèles au tracé actuel. La nouvelle Autoroute ne va suivre le tracé de l'ancienne Autoroute. C'est un autre tracé. Donc quand vous passez à partir de Sinbrobo pour aller vers Toumodi ou Taabo, vous ne voyez pas les travaux. Mais en fait, si vous allez en vous dirigeant vers Taabo, vous verrez que l'Autoroute est déjà ouverte sur plus de 20 à 30 km. Donc les travaux ont effectivement démarré le lendemain de la pose de la première pierre. Ils continuent toujours et normalement. On est dans le calendrier qui fixe l'achèvement des travaux 30 mois après la pose de la première pierre. A Yamoussoukro, capitale politique de la Côte d'Ivoire, le bitume a entièrement cédé. Ne peut-on pas penser au niveau du gouvernement à une thérapie de choc pour cette ville ?
En fait, le choc c'est sur l'ensemble du pays. Je devais même dire un séisme. Surtout en ce qui concerne les routes et les voiries. Quand vous faites cinq (5) ans sans entretenir ces voiries-là, naturellement elles se dégradent. Surtout dans les régions pluvieuses et où l'assainissement ou le drainage des eaux pluviales n'est pas ce qu'on souhaite, les dégradations sont extrêmement avancées. Et dans les grandes villes, vous parlez de Yamoussoukro qui est assurément la capitale, mais je vous dirais de regarder Abidjan. Abidjan est devenu une situation plus dramatique que Yamoussoukro. On fait tout pour pallier ça. Un programme de l'UE qui, normalement, est prévu de s'adresser à la réhabilitation et au développement des voiries urbaines d'un certain nombre de villes. Mais le financement que nous allons recevoir des bailleurs de fonds, juste après la crise, certainement au cours de l'année 2008, la plupart de ces investissements vont être drainés vers les infrastructures de base, les infrastructures sociales. A savoir l'éducation et la santé, mais aussi les routes, les voiries urbaines et l'adduction d'eau potable. Ça fait partie des préoccupations de l'Etat. Yamoussoukro, Abidjan, Man, Korhogo, Bouaké, toutes ces grandes villes de Côte d'Ivoire sont concernées. Nous ferons au mieux. Apparemment, vous n'êtes pas sur la même longueur d'onde que le chef de l'Etat sur l'affaire du terminal à conteneurs. Comment expliquez-vous cette divergence de vue ?
Ah non, nous sommes sur la même longueur d'onde puisqu'il s'agit, pour ce que je sais, du nouveau projet de terminal à conteneurs, de l'Ile Boulay. C'est aujourd'hui, le grand projet de la Côte d'Ivoire pour faire du Port d'Abidjan, l'un des Ports les plus importants de la sous-région pour les 30, voire 40 prochaines années. Donc, c'est un projet qui est très avancé, qui est en discussion au gouvernement, et dont la première pierre va être posée certainement en février ou en mars par le chef de l'Etat. Donc, nous sommes entièrement en phase sur ce projet qui est un projet d'avenir, un projet essentiel pour le développement de notre pays. Quels sont les grands chantiers de votre ministère pour 2008 ?
Les grands chantiers, 2008, c'est d'achever cette autoroute de Yamoussoukro. Autre chose très importante pour les Ivoiriens, pour le gouvernement, c'est de démarrer l'Autoroute de Bassam qui est un chantier extrêmement important. Qui devrait arriver au Ghana et doit faire partie des grandes Autoroutes sous-régionales de 8 pays que nous avons l'intention de faire avec les autres ministres des infrastructures. Procéder à la réhabilitation, mais surtout au développement de l'aérogare du fret d'Abidjan. Construire un nouvel aérogare fret. Nous avons également la réhabilitation de tous les systèmes d'eau potable d'Abidjan qui est un grand chantier. Nous avons le démarrage de la route Boundiali-Tengrela. Nous avons le raccordement de la ville de Korhogo au Bandama pour régler définitivement tous les problèmes d'eau potable. La réhabilitation de tout le système d'eau potable de Bouaké. Le démarrage de la construction du pont de l'Ile Boulay. J'étais récemment en Europe pour discuter avec nos partenaires du groupe Bouygues pour la reprise du chantier du 3e pont qui est un chantier que les Ivoiriens attendent pour désenclaver et réduire les engorgements du trafic de la ville d'Abidjan. Ce sont là, les principaux. Mais je n'oublie pas le pont de Jacqueville. Les études sont terminées, les appels d'offres pour le démarrage des travaux devaient se faire le mois prochain. On espère qu'avant juin, les travaux pourront démarrer. Peut-on avoir la teneur des discussions avec le groupe Bouygues ?
Les discussions avec le groupe Bouygues pour la reprise du 3e pont portent sur la façon dont il faut aborder les bailleurs de fonds pour pouvoir à nouveau refaire un bouclage financier. Nous avions un bouclage financier en 1999 lorsque le coup d'Etat est arrivé. Certains bailleurs de fonds se sont retirés. En 2002, on était en train de faire un deuxième bouclage financier lorsque la crise est arrivée. A la fin de la crise, nous les avons approchés pour leur dire qu'il nous semble que les bailleurs de fonds sont à nouveau dans de bonnes dispositions. En tout cas, ceux que nous avons contractés. Nous avons repris les études. Parce qu'au bout de 5 ans, les coûts ne sont plus les mêmes. C'est ce que nous sommes en train de faire pour qu'au mois de mars, on fasse une table ronde des bailleurs de fonds pour boucler à nouveau le financement. Ils sont entièrement partants. Ils ont donné leur accord. Si le bouclage financier est fait, on ose espérer qu'à la fin du 1er semestre 2008, on devait pouvoir reprendre les travaux, c'est en tout cas l'objectif que nous visons.

Interview réalisée à Adzopé par Firmin K. Tché Bi Tché
& Pierre Legrand

www.225.ci - A propos - Plan du site - Questions / Réponses © 2023