mercredi 23 janvier 2008 par Notre Voie

Dans le programme de gouvernement du candidat Laurent Gbagbo à l'élection présidentielle de 2000, des idées-forces figurent en bonne place. Au titre de ces idées-forces, nous pouvons citer : la décentralisation, l'assurance-maladie universelle, l'école gratuite, pour ne citer que celles-là. Et si certains Ivoiriens ont voté le candidat Laurent Gbagbo pour permettre le changement de personne tout en restant dans le système, d'autres Ivoiriens ont voté pour le programme du candidat Laurent Gbagbo. Et s'il est indéniable que la guerre déclenchée au petit matin du 19 septembre 2002 a empêché le démarrage effectif de l'assurance-maladie universelle, il convient de reconnaître que la sale guerre n'a pas gêné le démarrage de la décentralisation qui a eu lieu avant son avènement. Mieux, malgré cette guerre injustifiable, le président Laurent Gbagbo a initié et maintient l'aspect ''école gratuite'' de son programme de gouvernement, notamment au niveau de l'école primaire. Mais alors, certains comportements que nous relevons çà et là, dans nos écoles, collèges et lycées, sont-ils conformes au projet ''école gratuite'', ou simplement compatibles avec ce projet du président Laurent Gbagbo ? Pour ma part, et au regard de ce qui m'est donné de constater, j'affirme que la gratuité de l'école fout le camp. Voyons, pour preuves, quelques-uns des comportements contraires au projet ''gratuité de l'école''.
Alors que l'inscription à l'école primaire est déclarée gratuite, certains directeurs d'écoles primaires ont demandé aux parents, notamment en ville, de réserver la place de leur(s) enfant(s), vu le nombre important de prétendants. Et cela a coûté à certains parents 10.000, voire 15.000 CFA, par place. A l'inscription, certains établissements demandent jusqu'à 30.000 CFA par enfant, du CP1 à la Terminale, et cela au titre du COGES. A chaque composition mensuelle ou trimestrielle, chaque enfant doit payer 500 à 1.000 CFA. Il arrive même que certaines inspections de l'enseignement primaire demandent aux parents d'élèves de participer à l'achat d'équipement informatique, pour la saisie et le tirage des sujets.
Et si la cotisation COGES donne droit à un reçu, les autres participations ne donnent droit à aucun reçu. Evidemment, sans avoir délivré aucun reçu, on ne sait pas qui a cotisé et qui n'a pas cotisé, et on ne peut connaître ni le nombre des cotisants ni le montant total cotisé. Et alors, on est à l'aise pour donner n'importe quel montant des cotisations. Quant à l'utilisation des sommes ainsi récoltées et gérées, en général, par les enseignants, nous assistions à des dépenses farfelues justifiées par : Nous avons construit le logement du Directeur; nous avons dégagé tel montant pour fêter un enseignant admis à faire valoir ses droits à la retraite, ou pour aider tel autre enseignant; nous avons dégagé tel autre montant pour payer la formation de tels autres enseignants, etc.
Pour ma part, je trouve tous ces comportements ni conformes à la gratuité de l'école ni même simplement compatibles avec l'idée de gratuité de l'école. A mon humble avis, ils sont même contraires à l'idée de gratuité de l'école, car la gratuité ne saurait signifier donner, de la main droite, 10 CFA aux parents d'élèves, et leur soutirer 50 CFA de la main gauche. Et cela d'autant plus que les livres gratuits ne sont même pas disponibles, puisque les enseignants, dont je suis, déclarent qu'ils n'arriveront qu'en mai. Pour ne pas compromettre demain, je voudrais que des voix plus autorisées que la mienne donnent de la voix. Si ce sont nos autorités qui ont décidé que la situation soit celle que je viens de décrire, alors, assumons et disons que la gratuité sera pour demain. Mais si telle n'est pas leur volonté et que ces pratiques sont assimilables à un racket ou à un détournement de fonds, alors, il est temps de mettre fin à ces comportements, ou d'écarter tous ceux qui, par ces comportements, s'opposent, objectivement, à la politique que nos autorités veulent mettre en ?uvre pour le bien de notre peuple. C'est vrai que nous sommes en crise et qu'il ne faut pas ouvrir des fronts de lutte partout, mais la guerre (ou crise) ne doit pas avoir le dos trop large au point de devenir une licence pour tous les comportements véreux; parce que je ne suis pas d'accord avec ceux qui affirment : Si tu ne deviens pas riche pendant cette guerre, alors, tu ne deviendras jamais riche. Pensons à demain qui nous regarde, qui nous attend et qui nous jugera.






Néa Kipré Enseignant à l'Université de Cocody-Abidjan

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