mercredi 30 janvier 2008 par Notre Voie

Au moment où le Rassemblement des républicains (RDR) organise du 1er au 3 février son deuxième congrès ordinaire, il nous a paru important de nous attarder sur la philosophie politique d'Alassane Dramane Ouattara, son leader.

C'est l'heure de la remise en cause ! Le Rassemblement des républicains (RDR) prépare son deuxième congrès ordinaire prévu pour se dérouler du 1er au 3 février prochain.
Il est question de passer en revue, durant cette rencontre, les actes passés. Voir ce qui n'a pas marché et essayer de comprendre pourquoi depuis 1994, date de la création de ce parti, cette formation politique n'arrive pas à accéder au pouvoir d'Etat.
Il faudra surtout, au cours de ses discussions, accepter d'entendre avec courage des vérités sur la gestion du RDR.
Et l'une de ces vérités est à rechercher dans la philosophie politique de celui qui représente cette formation politique créée par feu Georges Djéni Kobina. Il s'agit d'Alassane Dramane Ouattara (ADO), ce haut fonctionnaire venu de la BCEAO et du FMI, qui est apparu sur la scène politique ivoirienne fin 1989 en pleine contestation sociale.
Le mentor du RDR est venu en Côte d'Ivoire avec des pratiques qui constituent ses faiblesses sur le plan politique.
Ce sont des pratiques qui ne cadrent pas avec les valeurs de la démocratie.
Quand ADO s'est jeté dans la bataille politique, il a reçu les premiers coups de la part de Henri Konan Bédié en 1994, dans le cadre de la succession de feu Houphouët Boigny.
Il a donc mis à profit ses relations dans le milieu de la presse et ses amitiés parmi des hommes politiques en Afrique (françafrique) et à travers le monde (France).

Bien plus tard, il s'attachera les services de certains militaires et des seigneurs de guerre afin de l'aider à parvenir au pouvoir.

La communication, arme de destruction

Devant des adversaires politiques qui maîtrisent parfaitement le terrain ivoirien, Alassane Dramane Ouattara a choisi d'user de ses relations extérieures avec la presse internationale afin qu'elle le soutienne dans son combat de conquête du pouvoir en Côte d'Ivoire.
Mais aussi pour qu'elle puisse abattre ses adversaires politiques ou, au besoin, salir le pays tout entier.
Elle s'est parfaitement acquittée de cette tâche.
En tant que fonctionnaire international, il sait lui, l'influence positive ou néfaste de la communication sur la vie des sociétés.
Pendant les six années de pouvoir d'Henri Konan Bédié qui a succédé à Houphouet, ADO a tout mis en ?uvre pour que son régime soit constamment accusé par les médias internationaux d'avoir créé le concept d'ivoirité dans l'unique but de catégoriser les Ivoiriens.
C'est un concept, a-t-on dit, qui est l'expression de la xénophobie qui caractérise le régime Bédié.
Au plan intérieur, l'ivoirité a été créée, selon les médias internationaux, afin d'éliminer un adversaire politique, ADO, compétent et réclamé par les populations du nord.
Laurent Gbagbo, l'actuel président de la République de Côte d'Ivoire est aussi l'une des victimes de cette campagne de communication tous azimuts.
Juste après sa prise de fonction en octobre 2000, il devait prouver qu'il n'avait rien à voir avec un supposé charnier découvert à Yopougon par la presse internationale.
Celle-ci, alertée par le RDR de Dramane Ouattara, a fait preuve d'acharnement tout particulier.
La presse s'illustrera par d'autres supposés scandales à mettre sur le dos du président Gbagbo : l'affaire des escadrons de la mort, l'exploitation des enfants dans les plantations de cacao, la disparition du journaliste et homme d'affaires Guy-André Kieffer
On peut citer également le film du sociologue Benoît Schauer, intitulé Côte d'Ivoire poudrière identitaire qui accréditait la thèse de la xénophobie au c?ur de l'Etat ivoirien qui marginaliserait les populations du nord.
Toutes ces affaires, bien qu'elles aient affecté sérieusement le pays, n'ont jamais pu le mettre à genoux parce que leurs effets nocifs ont vite disparu une fois que la vérité a rattrapé le mensonge. C'est que, bâties sur du faux, elles se sont toutes effondrées comme un château de cartes parce qu'à chaque fois, le peuple ivoirien qu'ADO aspire à diriger a perçu la supercherie.

La Françafrique dans le coup

Alassane Ouattara a su impliquer le réseau Françafrique et l'ex-métropole, la France, dans sa volonté de conquête.
On note que tout le long de son parcours politique, ADO a bénéficié du soutien actif des moyens et de certains chefs d'Etat de la Françafrique dont nous taisons volontairement les noms. Toutefois, ils se connaissent puisqu'ils ont dénié pendant longtemps la légitimité au président Laurent Gbagbo élu en octobre 2000, reprenant ainsi l'une des thèses de Dramane Ouattara.
On se rappelle que du 7 au 8 janvier 2001, lorsque le chef de l'Etat ivoirien a été victime d'une tentative de coup d'Etat, un de ces chefs d'Etat a estimé que c'est parce que le président Gbagbo souffrait d'un manque de légitimité.
Ces présidents africains se sont aussi constamment prononcés en faveur d'une révision de la Constitution ivoirienne. Une préoccupation qui a été pendant longtemps celle du RDR qui craignait pour son leader, Alassane Ouattara, qui a connu ce que l'ex-chef de la junte Robert Guéi appelait le vagabondage de nationalité. Bien plus, ces Présidents, véritables bras séculiers de la France en Afrique, ont fini par convaincre l'ex-métropole de la Côte d'Ivoire de jouer la carte Ouattara.
Saisissant la balle au bond, l'ex-président français Jacques Chirac s'est débattu comme un beau diable pour renverser le président ivoirien élu démocratiquement à coup de résolutions de l'ONU. En vain. En 2004, las d'attendre derrière les résolutions onusiennes, il jette le masque et demande à l'armée française présente sur le sol ivoirien de passer à l'attaque. La résidence du chef de l'Etat ivoirien est pilonnée et les Ivoiriens sortis nombreux pour s'opposer à cette intrusion massacrés. Il y eut de nombreux morts.

Culture de coup d'Etat

Alassane Dramane Ouattara est présenté par nombre d'Ivoiriens et d'observateurs comme un adepte des coups de force.
Cette passion se révèle à la Côte d'Ivoire et au monde quand l'homme, au plus fort de sa rivalité avec Henri Konan Bédié en 1999, a lancé Lorsque je frapperai ce pouvoir moribond, il tombera.
Le régime de Bédié a été effectivement frappé et il a été renversé, peu après, en décembre 1999, par des militaires se réclamant de Dramane Ouattara et dont l'une des grandes figures était à l'époque le sergent-chef Ibrahim Coulibaly dit IB.
De même, tous les membres de la rébellion ivoirienne (MPCI), qui ont échoué dans leur tentative de perpétrer un coup d'Etat le 19 septembre 2002, se sont réclamés du leader du RDR.
Ils ont avoué, à l'exemple des rebelles Koné Zakaria et Chérif Ousmane, avoir eu un soutien financier de sa part pour mener à bien cette opération militaire.
L'on a pu observer également la présence de certains cadres du RDR au MPCI ou collaborant avec la rébellion depuis les premières heures de l'attaque jusqu'à maintenant.
ADO, lui-même, ne s'est jamais débarrassé de cette image d'éternel putschiste.
Il a souvent prêté le flanc par ses propos en annonçant toujours avant l'heure son intention de prendre le pouvoir d'Etat.
En outre, Alassane Ouattara a bien souvent encouragé ses militants à la désobéissance civile ou à l'insurrection.
En effet, après la proclamation des résultats de l'élection présidentielle d'octobre 2000, Alassane Dramane Ouattara, de l'avis de certains hommes politiques, a demandé à ses militants de descendre dans les rues afin que l'élection soit reprise au motif que sa candidature a été invalidée par la Cour suprême. Il a même tenté de rallier Fologo et le PDCI à sa cause. Mais heureusement pour la Côte d'Ivoire, le secrétaire général du PDCI d'alors a opposé une fin de non recevoir à cette requête qu'il a jugée macabre. Les faits lui ont du reste donné raison.
Les militants du RDR, par des méthodes violentes, ont contribué à alourdir le bilan des personnes tuées par l'ex-junte au cours de ces manifestations post-élection en Côte d'Ivoire.

Démocratie ? Connais pas !

Au vu de ce qui a été dit, il est aisé de reconnaître que la démocratie et ses valeurs dans une République sont méconnues d'Alassane Dramane Ouattara qui n'a jamais voulu rompre avec la logique des coups de force.
Depuis 1995 jusqu'à aujourd'hui, il n'a jamais voulu intégrer le fait que l'alternance politique se fait, dans un pays, à la suite d'une élection.
Et c'est au cours de cette élection que l'on sollicite le suffrage de ses compatriotes qui votent pour vous en masse ou non.
Cette élection est fixée à une période définie par la Constitution.
Il n'est donc pas normal d'annoncer, comme ADO aime à le faire, sa prise de pouvoir avant la date indiquée.
Un autre exemple : la faiblesse du leader du RDR, c'est qu'il n'a pas de projet de société et un programme de gouvernement clairs comme chez certains candidats qui, comme lui, aspirent à gouverner. Que propose-t-il aux Ivoiriens avant d'arriver au pouvoir ?
A-t-il réellement pris le temps de réfléchir sur les problèmes des Ivoiriens en ce qui concerne les domaines de la santé, de l'environnement, l'éducation ?
Les Ivoiriens ne savent rien de ses intentions.
Il a juste fait publier un manifeste baptisé vivre ensemble qui appelle à la tolérance.
L'ex-Premier ministre est si pressé d'être à la présidence de la République qu'il rechigne à faire des tournées dans tout le pays dans l'optique d'échanger avec les populations.
Cette stratégie qui consiste à prendre des raccourcis lui a été fatale car lui qui n'a déjà pas de racines dans le pays est moins connu du pays profond. Son électorat se trouve ainsi réduit par rapport à celui de ses principaux adversaires et ne se trouve que dans les villes.
Un autre aspect qui montre qu'Alassane Ouattara n'est pas en phase avec les valeurs républicaines : il a une propension à instrumentaliser la religion.
Il a entrepris de liguer les religions les unes contre les autres dans un pays comme la Côte d'ivoire où l'on prône et applique la laïcité depuis l'indépendance.
L'on a encore en mémoire sa fameuse phrase prononcée à Paris : On ne veut pas que je sois président parce que je suis musulman et du Nord?.
On pourra ajouter à cette liste d'actes anti-patriotiques du responsable du Rassemblement des républicains (RDR), le fait qu'il aime vilipender les institutions de la Côte d'Ivoire, pays dont il se réclame, à l'extérieur.
Cet acte d'incivisme a quelquefois choqué l'opinion ivoirienne.
Alassane Ouattara n'est donc pas blanc comme neige.
Il doit accepter que l'on critique sa philosophie politique et faire lui-même son propre aggiornamento.


Serge Armand Didi sardidi@yahoo.fr


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