samedi 29 mars 2008 par Le Nouveau Réveil

Laurent Gbagbo est-il sincère avec les Ivoiriens ? Veut-il vraiment des élections au plus vite en Côte d'Ivoire comme il le prétend ?
A voir comment il man?uvre, le temps fou qu'il met pour prendre une simple décision indispensable à l'avancée du processus de sortie de crise, on est forcé de croire que Gbagbo n'est pas, à la vérité, pressé d'aller aux élections. D'ailleurs, ne confiait-il pas récemment que ce ne serait point la catastrophe si d'aventure les élections n'avaient pas lieu cette année ?
Peut-on parcourir la Côte d'Ivoire pour crier qu'on veut des élections avant la prochaine fête de l'indépendance (prévue le 6 août) et tenir à la fois ce genre de propos ?
En effet, Laurent Gbagbo continue de se comporter comme si les retards ou l'accélération du processus de sortie de crise dépendait d'une personne autre que son Premier ministre Guillaume Soro et lui-même. On a tous été ici témoins de la gymnastique qu'ils ont faite pour désigner Sagem comme opérateur technique pour l'identification. Puis, lorsque la décision a été finalement arrêtée le 30 novembre 2007, il a fallu 4 mois pour que les signataires de l'accord de Ouaga s'accordent autour du cahier des charges de l'opérateur technique. Parce qu'entre temps, Laurent Gbagbo, par le truchement de son ministre de l'Intérieur, Désiré Tagro, manoeuvrait pour replacer l'Institut national de la statistique (INS) au c?ur de l'opération d'identification. Tagro contestait et rejetait presque tout. De sorte que, selon des indiscrétions, il a fallu 11 moutures de projets de texte pour parvenir à l'adoption définitive du cahier des charges de la Sagem sécurité. Près d'un mois pour signer la convention financière entre l'Etat de Côte d'Ivoire et l'opérateur technique. A présent, l'on attend un autre décret, celui qui va déterminer la collaboration que Sagem doit avoir avec l'INS. Une question qui semblait avoir été pourtant résolue par l'accord de Pretoria qui réaffirmait expressément que la Commission électorale indépendante (CEI) était à titre exclusif la maîtresse du processus électoral. Comment comprendre dès lors que c'est une partie prenante aux élections, un candidat à la future présidentielle qui va décider de la collaboration à établir entre Sagem et l'INS ? Et dire que tout ceci ne dérange absolument personne au RHDP.
Les élections devraient normalement avoir lieu 10 mois après la signature de l'accord de Ouaga du 4 mars 2007. Rien n'a été fait pour tenir dans ce timing. Les audiences foraines n'ayant démarré que le 25 septembre 2007, il s'avérait impossible pour les signataires de Ouaga d'organiser les élections comme ils l'avaient promis aux Ivoiriens, dans le délai de 10 mois. Puis, vient l'accord complémentaire, avec des objectifs plus précis. Des tâches à réaliser dans des délais bien précis, le tout couronné par des élections qui devraient avoir lieu au plus tard fin juin de cette année. Cette échéance avance à grands pas et l'on se rend compte que ni l'identification et le récemment électoral, ni le désarmement n'ont commencé effectivement sur le terrain. Et comme cela devient une habitude, on prépare les esprits à un nouveau report des élections. Depuis octobre 2005, on ne fait que ça : reporter les élections, sans avoir le courage de poser le vrai diagnostic et dire pourquoi l'on n'arrive pas à organiser les élections. On a changé déjà trois fois de Premier ministre, peut-être qu'il est temps de changer totalement d'équipe dirigeante. En faisant comme au Liberia où on est allé chercher un homme d'affaires, quelqu'un qui n'avait rien à voir avec la politique Gyuit Briant pour conduire le pays aux élections. Avec Gbagbo aux commandes, on peut continuer à rêver chaque matin aux élections comme on croit aux Saintes Ecritures, rien ne changera. Parce qu'il n'est pas prêt pour les élections. Et l'attitude trop savante et démocratique du RHDP lui facilite bien la tâche. Les gens peuvent crier élection, Gbagbo est tranquille dans son coin. S'est-on, au niveau de l'opposition, posé la question de savoir ce que Gbagbo Laurent aurait fait s'il était à l'opposition et avait en face de lui un chef d'Etat qui a perdu sa légitimité depuis 3 ans et qui refuse d'organiser les élections en faisant du dilatoire ? Quand l'opposition comprendra-t-elle qu'elle a un rôle à jouer dans ce pays ? Quand comprendra-t-elle que Gbagbo est en train de la mener en bateau ?

Akwaba Saint-Clair

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