lundi 26 mai 2008 par Fraternité Matin

Un atelier sur le règlement des conflits intercommunautaires s'est tenu à Bloléquin. Les planteurs allogènes et allochtones qui ont dû abandonner, dans le département de Bloléquin, leurs plantations du fait de la guerre, peuvent désormais revenir les occuper. Après plusieurs missions de sensibilisation et des négociations bien menées par le ministère de la Réconciliation nationale, leurs tuteurs ont accepté de réapprendre à vivre avec eux tout en leur demandant de respecter le code consensuel de cohabitation qui a été signé. Qui, entre autres décisions, exige que les déplacés qui reviennent vivent avec eux dans les villages, et non les campements. Concernant particulièrement les Burkinabè, Baoulé, Sénoufoet autres Lobi qui ont des plantations dans les forêts classées du département, il a été décidé qu'ils en cèdent 1/3 aux jeunes et gardent les 2/3. Mais chaque partie devra payer à la SODEFOR qui agit pour le compte de l'Etat, la somme de 12.5000 FCFA par hectare et par an pour la réhabilitation. Et ce, sur une période de 10 ans au maximum pour libérer totalement ces terrains. Cette proposition soumise à la sagacité des populations a rencontré l'adhésion de tous. C'est ce qui ressort de l'atelier sur le règlement des conflits intercommunautaires organisé les 21 et 22 mai, à Bloléquin, par les ministères de la Réconciliation nationale et des Relations avec les Institutions; de la Solidarité et des Victimes de guerre et de la Reconstruction et de la Réinsertion, en collaboration avec les humanitaires.
Nous sommes venus ici pour rechercher l'harmonie dans cette région. L'Etat est prêt à s'affirmer pour que cette région ne meurt pas. Etant à un tournant décisif de notre existence (l'Accord de Ouagadou-gou est en marche), nous devons préserver la paix et la cohésion sociale. Nous sommes venus pour faire des propositions dans le sens de l'apaisement, de la paix , a indiqué le ministre Dano Djédjé. Et d'ajouter: Mutuellement, soutenons-nous pour que cette région puisse avancer. Non sans avoir exprimé, la compassion du gouvernement aux populations pour tout ce qu'elles ont vécu pendant la guerre et remercié tous les humanitaires qui accompagnent la Côte d'Ivoire dans le règlement des conflits intercommunautaires. A l'atelier, les quatre cantons qui composent le département de Bloléquin étaient représentés. Les allogènes, les allochtones et les jeunes étaient également présents. Le maire de Bloléquin a, dans son intervention, salué la présence effective des ministres Sébastien Dano Djédjé, Louis André Dacoury-Tabley et Fatoumata Bamba-Hamza. Il les a remerciés pour la volonté qui les anime pour l'application de l'Accord politique de Ouaga. Selon lui, à Bloléquin, la paix n'est pas un vain mot, mais un comportement. Nous devons nous pardonner et vivre ensemble comme avant la guerre, s'est-il adressé, en ces termes, à ses parents. Tour à tour, les ministres de la Solidarité et des Victimes de guerre; et de la Reconstruction et de la Réinsertion ont pris la parole pour expliquer les différents projets qui sont en cours ou à initier très bientôt. Ainsi, répondant à la préoccupation des populations relative à l'indemnisation des victimes de guerre, Louis André Dacoury-Tabley a indiqué: Il faut identifier les victimes avant de les indemniser. Mais une enquête sera faite sur la véracité de ce qui aura été déclaré. Il faut tenir compte aussi des moyens de l'Etat. L'indemnisation se fera annuellement et par catégorie de personnes. Le dédommagement sera fait à quiconque (nationaux, étrangers) vivant en Côte d'Ivoire et qui a été victime de la guerre. Pour Mme Fatoumata Bamba-Hamza, des jeunes seront inscrits dans les programmes des cultures de riz et d'hévéa. L'électrification des villages ne sera pas oubliée. Bref, selon elle, un plan national de reconstruction et de réinsertion a été élaboré. Mais, fait-elle remarquer, pour reconstruire, il faut qu'il y ait la paix. Et de préciser: On ne va pas reconstruire pour tout détruire. Le coordonnateur résident du système des Nations Unies, Geog Charpentier a, encore une fois, réaffirmé l'engagement des partenaires humanitaires à accompagner le processus de sortie de crise. Aussi, invite-t-il les uns et les autres à jeter les bases d'une paix durable.



Emmanuel Kouassi
Envoyé spécial à Bloléquin
Des vérités crues aux jeunes
Qui connaît le ministre de la Réconciliation nationale et des Relations avec les Institutions, Sébastien Dano Djédjé, dira sans se tromper qu'il est débonnaire, un hommesans histoire. Toujours courtois, affable. Mais, à Bloléquin, il lui a fallu être ferme, formel. En effet, s'adressant aux jeunes qui refusaient que les allogènes et allochtones reviennent dans les forêts classées où ils avaient réalisé des plantations avant la guerre, il a, même si le ton n'était pas méchant, tenu un langage franc: La forêt classée appartient à l'Etat. Mais, au nom de la paix, nous faisons des propositions qui vous arrangent, vous les jeunes. Vous ne devez pas refuser que les déplacés aillent dans ces zones où ils ont fait des plantations. La forêt classée est un problème certes pas délicat, mais très sensible. Le ministre Dano Djédjé a été soutenu par Oulaï Tiabas, un cadre influent de la région. Ce dernier, faisant preuve de sagesse, a salué l'approche pédagogique utilisée par le messager du gouvernement pour régler le problème foncier. Il a ensuite exprimé son désarroi face au comportement, notamment des jeunes qui, peut-être distraits ou perturbés par la chaleur qui régnait dans la salle, ne mesurent pas les avantages de la décision qui vient d'être prise. Leur permettant d'avoir une partie des plantations dans les forêts classées. Concernant ces forêts classées, ceux qui viennent faire de nouvelles plantations seront chassés. Purement et simplement. Le ministre Dano Djédjé a demandé aux étrangers d'être disciplinés, polis envers leurs tuteurs, d'avoir des contacts fraternels avec eux. En un mot, ils doivent se comporter de telle sorte que la cohabitation puisse être la plus parfaite possible.



E. Kouassi

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