vendredi 30 mai 2008 par Fraternité Matin

Question. Que pourrait être le traitement de l'information au cours de la période électorale? Mercredi dernier, au Golf hôtel, Zio Moussa, président de l'Observatoire pour la liberté de la presse, de l'éthique et de la déontologie (OLPED), à travers sa communication, Gestion de l'information en période électorale, a donné à l'assistance la réponse qu'il fallait : être biaisé, manipulé si... Non qu'il soit devenu devin, mais en observateur averti, il a donné à voir, ce que journalistes et hommes politiques, deux acteurs majeurs, préparent. Avant même les campagnes : le dressage psychologique des militants, têtes plates des partis politiques, à travers des articles de journaux et des propos d'hommes et de femmes politiques qui s'articulent dans des vociférations partisanes et antagonistes . Or, les prochaines élections, pour Zio Moussa, constituent un test important pour les journalistes et les médias ivoiriens. Qui devaient pouvoir s'affranchir des politiques, pour exercer librement leur métier. Tel n'est pas le cas. Sans doute, ne le sera-t-il jamais ? Résultat ? Selon lui, ils font chorus avec l'électorat ivoirien, dans le jeu politique national aujourd'hui qui se radicalise, et qui revendique un président de la République qui ne peut être que le chef du parti auquel il adhère, le frère tribal, c'est-à-dire la revendication d'une originalité antidémocratique qui l'emporte sur le sentiment d'appartenir au groupe national et plus encore, à un pays, un même pays . C'est, à l'en croire, dans ce marais que pataugent journalistes et médias ivoiriens. A l'image de la société ivoirienne.
Loin de lui, cependant, l'idée de les absoudre de leurs manquements. Au contraire, énumérant les dérapages des journalistes et des médias ivoiriens, il les invitera à plus de modestie : le journaliste qui se croirait détenteur ou investi d'un pouvoir à l'image des trois autres pouvoirs, l'exécutif, le législatif et le judiciaire, doit repasser ses prétentions à la moulinette d'une plus grande modestie et se réconcilier avec la posture qui fait le journaliste véritable : le métier d'informer . Un pouvoir qui est consacré par le droit du public à l'information et le devoir du journaliste de rendre compte à l'usager des médias . Ce que le président de l'Olped attend encore des hommes des médias, la revendication de la liberté comme essence de leur métier qui porte en elle la notion de responsabilité. Laquelle sera plus grande en période électorale ; temps d'exacerbation des passions et terreau fertile à l'irrationnel, au recul de la raison et au règne du crétinisme dont se nourrissent la désinformation et toutes les techniques qui permettent de tromper l'usager des médias qui est aussi un électeur . De ce grand art, riche en nuances , le journaliste responsable, pour lui, doit chercher l'essentiel : livrer l'information vraie. Même s'il ne minore pas, entre autres, l'influence souvent grande des sondages qui ont investi et phagocyté le métier d'informateur, et le poids trop lourd surtout des puissances d'argent et des milieux politiques qui influencent le contenu des médias, il pense, en revanche, que cela n'est pas une fatalité : dans l'absolu, cet obstacle peut être franchi. Son rêve ? Que le temps des élections qui approchent, permette aux journalistes de faire le bilan de leurs liens avec les politiques et surtout de commettre le parricide, pour affirmer leur indépendance. Le temps nous situera.
Michel Koffi

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