mercredi 12 novembre 2008 par Le Nouveau Réveil

C`est une affaire qui commence sérieusement à exaspérer tout le monde. L`accord de Ouaga présenté comme le remède révolutionnaire pour une sortie de crise rapide en Côte d`Ivoire tarde à produire ses effets au point où les plus farouches supporters de ce deal politique commencent à afficher le profil bas. Mais le plus incompréhensible semble être l`attitude de l`opposition significative qui, à travers ses deux leaders siégeant au cadre permanent de concertation (CPC), apporte pour ainsi dire sa caution personnelle à ce jeu de torture psychologique des signataires de l`APO qui consiste à botter continuellement en touche les élections.
Au moment où ses voisins forment ses élites de demain, élargissent leurs sillons économiques, la Côte d`Ivoire continue de courir vers la paix et la sortie de crise à reculons.
Un peuple amorphe et remarquablement stoïque qui souffre le martyre, qui vit et respire la misère mais qui est incapable de pousser le moindre cri pour dire à ses dirigeants (qui ont d`autres soucis) qu`il a besoin de paix et d`élection. Un peuple qui attend que la paix lui tombe dessus comme la pluie tombe du ciel.
Une classe politique devenue prisonnière de ses propres principes et qui a abandonné toute initiative susceptible de lui permettre d`influer sur le devenir de la nation.
Au commencement, quand l`accord de Ouaga avait été signé, après un battage médiatique énorme, l`on nous avait promis que les élections auraient lieu après 10 mois. Certaines âmes naïves avaient cru puisque l`engagement émanait des principaux protagonistes de la crise. Mais les dix mois sont passés et il n`y a pas eu d`élection.
L`on nous a ensuite parlé de juin 2008. Et là encore, ce fut une fausse promesse rapidement convertie en espoir puisque pour la première fois, les signataires de Ouaga vont fixer une date précise pour la tenue du 1er tour de la présidentielle au 30 novembre 2008. Un décret sera même pris par le Chef de l`Etat pour entériner cette décision. Pour la première fois aussi, des dates précises sont avancées pour le démarrage de l`opération d`identification et du recensement électoral.
Malheureusement pour les Ivoiriens ce sera encore une fausse promesse. L`identification a accusé un retard considérable et la commission électorale est priée par le CPC de rechercher une nouvelle date pour les élections. Et pendant ce temps, le pays recule.

Bédié et ADO caution morale ?
Il ne faut pas perdre de vue cette réalité. Si les Ivoiriens, en particulier, et la communauté internationale, en général, continuent de tolérer cette fuite en avant des signataires de l`APO, c`est parce qu`ils considèrent que toutes les parties significatives ivoiriennes y collaborent de bonne foi à sa mise en ?uvre et qu`il s`agit d`une affaire ivoiro-ivoirienne. Si le parti au pouvoir, les ex-rebelles et les deux formations politiques fortes de l`opposition sont d`accord ou satisfaites de l`évolution des choses, où est le problème de la communauté internationale ?
Or en réalité, dans cette affaire, quelle est la véritable marge de man?uvre du président Bédié et du président Ouattara ? En tant que membres du CPC, ils sont convoqués quand les signataires l`estiment nécessaire et ils débattent de décisions dont ils n`ont aucun moyen de suivre l`exécution technique. Même quand toutes les précautions sont prises pour contraindre à l`exécution forcée de certaines tâches, c`est souvent que les tenants de l`exécutif avancent des questions financières ou d`autres difficultés pour justifier les retards ou la non exécution desdites mesures.
Jusque là, M. Bédié et M. Ouattara ont fait preuve d`une tolérance stoïcienne, s`interdisant d`entreprendre toute action susceptible de contrarier le processus parce qu`ils refusent de porter sur leurs épaules la responsabilité d`un quelconque échec de l`accord de Ouaga. Ils le font par amour pour leur pays, parce qu`ils croient que la bonne foi finira par habiter les uns et les autres. Mais force est de constater que depuis trois ans, nous tournons en rond. Et les Ivoiriens n`en peuvent plus, et le pays est au bord du gouffre.
Que faire dans une telle situation ? Continuer à participer à des réunions du CPC dont les résolutions sont des v?ux pieux ou prendre ses responsabilités devant l`histoire ? Encore une fois, la CEI va proposer une nouvelle date pour les élections, encore une fois les uns et les autres vont traîner les pas en invoquant mille alibis, et encore une fois quand la date des élections va approcher et qu`on n`aura rien fait ou avancé très peu, ils vont encore se réunir pour faire le requiem de cette date et annoncer une autre. Et jurer la main sur le c?ur que cette fois-ci, les élections auront lieu. Inch`Allah !
Depuis octobre 2005, et même avant, on aurait pu organiser les élections si la volonté ou la bonne foi habitait tout le monde. Bédié et ADO doivent commencer à regarder un peu leur montre.

Akwaba Saint Clair

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