jeudi 11 juin 2009 par Islam Info

Christine Albanel a remis, le 28 mai, les distinctions de Grand Mécène et de Grand Donateur du ministère de la Culture à Son Altesse l'Aga Khan IV. L'Aga Khan est le 49e imam héréditaire des musulmans chiites ismaéliens, chef spirituel d'une communauté de 15 millions de personnes réparties dans vingt-cinq pays sur les cinq continents.
Un mécénat exceptionnel en faveur du domaine de Chantilly. L'Aga Khan est à l'origine de la Fondation pour la sauvegarde et le développement du domaine de Chantilly , créée en 2005 et reconnue d'utilité publique. L'Institut de France, propriétaire de ce domaine légué par le duc d'Aumale (5e fils du roi Louis-Philippe), en a confié la gestion à la Fondation pour une durée de vingt ans. Ce domaine comprend le château et ses collections, le parc et ses jardins historiques, ainsi que les grandes écuries.
Cette fondation doit assurer la restauration et la mise en valeur des bâtiments et du site classés. L'Aga Khan souhaite restituer à l'Institut de France, en 2025, un domaine restauré et économiquement autonome.
L'Aga Khan Trust for Culture (AKTC). L'Aga Khan a créé cette agence pour défendre les cultures en danger à travers trois grands programmes :
- le Prix Aga Khan d'architecture. Décerné tous les trois ans, il récompense des créateurs pour l'exemplarité de leur oeuvre (l'architecte Jean Nouvel l'a reçu en 1989 pour l'Institut du Monde Arabe), mais aussi des projets qui mettent l'accent sur la mise en valeur des ressources locales;
- le Programme de soutien aux villes historiques. Il a été lancé en 1991 pour mettre en oeuvre des projets de conservation et de revitalisation urbaine sur des sites de grande importance culturelle dans le monde islamique.
- le Programme d'éducation et culture, qui ?uvre à la sauvegarde des cultures islamiques et de l'architecture, à leur renouvellement et à leur compréhension interculturelle.
La reconnaissance de l'Etat. Créée en application de la loi du 1er août 2003 relative au mécénat, les distinctions de Grand Donateur (pour les personnes physiques) et de Grand Mécène (pour les personnes morales) manifestent la reconnaissance de l'Etat envers les entreprises, les fondations, les associations et les personnes privées qui, par leurs actes de mécénat, tant en France qu'à l'étranger, ont apporté une contribution éminente au développement culturel de la France. La liste des distinctions déjà attribuées est accessible sur le site de la Mission du mécénat :www.mecenat.culture.gouv.fr

TEMOIGNAGE DU MINISTRE FRANÇAIS DE LA CULTURE SUR LES OEUVRES DU PRINCE AGA KHAN
Quelques morceaux choisis du discours de Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication, prononcé à l'occasion de la cérémonie de remise des insignes de Grand mécène et de Grand donateur du ministère de la Culture à Son Altesse l'Aga Khan le jeudi 28 mai 2009.
..Né sous le signe des cultures indienne, italienne et anglaise de vos parents, grandi à Nairobi, éduqué dans les plus prestigieuses institutions suisse et américaine, vous étiez à la fois descendant de cette dynastie mythique, dépositaire d'une foi, d'une histoire, de traditions qui plongent leurs racines dans les siècles, et un homme résolument ancré dans votre temps. Vous étiez celui qui pouvait conjuguer les principes de votre religion au présent et au futur.
Ce projet (la renaissance du domaine de Chantilly) vous tient particulièrement à c?ur. Parce qu'il est une pierre essentielle du dialogue que vous entendez renforcer entre les cultures chrétienne et musulmane. Vous ne croyez pas au choc des civilisations . Mais vous redoutez le choc des ignorances. Pour l'éviter, vous réalisez une oeuvre de culture, de paix et d'avenir. Elle suscite toute notre admiration. ()..
(..)Vous avez perpétué la tradition d'un Imam fortement impliqué dans les affaires du monde - votre grand-père fut notamment président de la Société des nations. Vous avez su être à l'écoute des changements, les anticiper et construire votre action dans la durée, en vous appuyant sur les principes qui vous sont chers.
Parmi ces principes, il en est un que vous rappelez très souvent dans vos interventions : c'est le lien très fort, essentiel, entre la foi et la connaissance. Dans l'interprétation du chiisme livrée par votre grand-père, et que vous faites vivre aujourd'hui, le fidèle est encouragé à apprendre en permanence, pour accroître son autonomie et se rendre maître de son propre destin. Allah, dites-vous, a mis dans l'univers beaucoup plus que ce que les êtres humains ont cru voir. C'est pour cette raison que l'existence est une chose passionnante et qu'il faut agir à plein, en s'efforçant de participer à tout ce que la vie représente de dignité et d'éternel espoir.
Dignité, espoir et progrès pour les populations, sans distinction d'origine ou de croyance : voilà sans doute les maîtres-mots de vos réalisations dans chacun des pays où vous êtes engagé.

Dignité, espoir et progrès par l'autosuffisance économique et l'émancipation intellectuelle : c'est ainsi que depuis cinquante ans, vous avez construit un extraordinaire réseau de développement, l'un des plus importants au monde, investissant dans des entreprises, des banques, des hôpitaux, construisant des universités, de Kaboul à Bamako, des vallées reculées du Pamir aux villages d'Afrique, des quartiers populaires du Caire à l'île d'Ibo, au Mozambique. Vos initiatives, innovantes, toujours parfaitement pensées en fonction des besoins locaux, sont étudiées ensuite comme de véritables cas d'école.(.)
() Si vos responsabilités vous conduisent à sillonner le monde, vos liens avec la France sont anciens et profonds. En particulier avec Chantilly, où votre grand-père possédait une maison et un centre d'entraînement pour ses chevaux de courses. Vous avez repris le flambeau de cette longue tradition familiale. C'est ainsi que vous vous êtes attaché au Chantilly des courses de plat, aux magnifiques Grandes Ecuries d'Aubert, au château des Montmorency, des Condé et du duc d'Aumale et au merveilleux domaine qui l'entoure. Vous avez d'ailleurs installé votre résidence principale à proximité, au domaine d'Aiglemont, à Gouvieux.(.)
Altesse, vos engagements divers, multiples, à travers le monde, votre soutien aux économies locales, votre attention à la préservation des cultures, votre combat contre toutes les formes de dépendance et d'obscurantisme, votre souci de dialogue, de tolérance, d'ouverture à l'autre, à travers les arts, notamment, tout cela porte la marque d'un prince éclairé, généreux, pétri de culture, réconciliant l'idéalisme et le pragmatisme, bâtissant des ponts entre les confessions et les civilisations.
Ces engagements vous ont valu d'être élu en 2007 membre associé étranger de l'Académie des Beaux-Arts, au fauteuil de l'architecte Kenzo Tange - qui fut d'ailleurs membre du premier jury du Prix Aga Khan d'architecture.
Permettez-moi de vous remettre aujourd'hui la distinction de Grand Mécène et Grand Donateur du Ministère de la Culture .

Sauver des vies après sa mort bientôt possible en Egypte
L'Académie de Recherche islamique d'Al-Azhar, en Égypte, a mis fin à dix ans de controverses au sujet de la mort du tronc cérébral, autrement dit la mort clinique, a rapporté vendredi le quotidien Al-Masri al-Yom. Les savants présents lors d'une conférence internationale de l'Académie sur le don d'organes ont finalement reconnu que la mort cérébrale est une véritable mort, autorisant par conséquent la transplantation d'organes du malade vers un autre patient.
Une personne est considérée comme morte si son c?ur et sa respiration ont complètement cessé et que les médecins ont jugé cet état irréversible ; ou si les fonctions cérébrales ont complèmentement cessé, (que le cerveau, ndlr) commence à se décomposer et que les médecins ont jugé irréversible , ont conclu jeudi d'une voix des dignitaires religieux, dont le Grand Cheick d'Al-Azhar Dr. Mohamed Sayed Tantawi ou encore Youssef Al-Qaradawi, président de l'Union Internationale des Savants Musulmans.
Cette décision, prise lors de la Conférence internationale de l'Académie de Recherche islamique de la célèbre université d'Al-Azhar au Caire, a été accueillie à bras ouvert par l'Ordre des médecins. Ses membres ont qualifié la prise de position d' historique éliminant ainsi le plus grand obstacle au projet de loi relatif à la transplantation d'organes actuellement en discussion au Parlement.
Le projet de loi est tout de même vieux d'une dizaine d'années. La question de la transplantation post-mortem est sujette à controverse depuis des années en Egypte, provoquant des débats houleux au sein du corps médical et de la classe politique. La décision d'Al-Azhar ne fait d'ailleurs pas l'unanimité parmi les médecins égyptiens à l'instar du Dr. Safwat Hassan Lotfy, anesthésiste et président de l'Association égyptienne de l'Ethique médicale qui considère que le débranchement de l'appareil respiratoire d'une personne est un meurtre prémédité .

Une législation floue qui favorise le trafic d'organes

Pourtant, la majorité des dignitaires religieux du monde musulman, comme le Dr Al-Qaradawi, sont favorables aux dons d'organes émanant d'un donneur vivant au même titre que celui du sang. On peut considérer le corps - bien qu'il soit un dépôt confié par Dieu () - au même titre que la fortune. () Tout comme l'individu peut faire don d'une part de sa fortune au profit de ceux qui en ont besoin, il peut aussi faire don d'une partie de son corps à ceux qui en ont besoin , se positionne le prédicateur égyptien (tiré d'Islamophile).
Cependant, il y a une limite à cette analogie , à savoir qu'on a le droit de faire don de l'intégralité de sa fortune mais pas de son corps en entier . Quant aux conditions, Al-Qaradawi explique il n'est pas permis de faire un don occasionnant un préjudice pour soi ni de faire don d'organe unique tel que le c?ur ou le foie car le donateur ne peut vivre sans eux tout comme les yeux, la main ou le pied car dans ce cas le préjudice subi par autrui est levé au prix d'un préjudice assuré pour le donateur .
Mais jusque là, il n'était pas question de transplantation d'organes émanant d'un mort clinique. Alors que la question ne se pose plus dans les pays occidentaux et dans nombre de pays musulmans qui considèrent la mort cérébrale comme une mort définitive, l'impossibilité de prélever des organes par ce biais est totale en Égypte. Cette interdiction réduit l'offre pour les patients en attente d'une greffe. Ceux qui ont de quoi payer se tournent souvent vers des médecins peu scrupuleux opérant dans la clandestinité. La demande étant supérieure à l'offre, les trafiquants d'organes y trouvent leurs comptes.
La loi en vigueur interdit toute transplantation contre une quelconque somme d'argent. Pour Dr. M. Sayed Tantawi, elle est religieusement permise mais le donneur ne doit percevoir aucun argent . C'est le cas en France dont la loi considère le don comme un acte bénévole . Mais dans un contexte de misère sociale, les plus pauvres n'hésitent pas à vendre un rein ou une partie de leur foie quitte à y laisser leur santé.

Un projet de loi pour lutter contre le trafic de la vie
L'Égypte occupe le troisième rang mondial du trafic d'organes. Le projet de loi, s'il est adopté, constituera une avancée. Il prévoit, entre autres, des transplantations uniquement entre patients et leurs parents proches ou éloignés et des sanctions plus lourdes contre toute personne impliquée dans des affaires de trafics.
Enfin, la mort clinique du donateur - à condition que ce dernier avant sa mort ou ses proches aient donné leur consentement - devra être confirmé par un comité formé de cinq médecins spécialistes. Mais, les détracteurs au projet n'ont pas encore dit leur dernier mot. L'avis des religieux constitue un grand pas vers une normalisation de la législation en ce domaine.
Hanan Ben Rhouma

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