samedi 8 mai 2010 par Le Nouveau Réveil

Le président de l'Organisation des producteurs exportateurs de bananes, d'ananas, de mangues et autres fruits d'exportation de Côte d'Ivoire (Obam-ci, née en août 2009), Mathias N'goan Aka, a participé à l'atelier initié par le patronat ivoirien, les 26, 27 et 28 avril 2010 à Yamoussoukro, sur le thème "Côte d'Ivoire 2040 : le défi du meilleur". Il exprime sa satisfaction au terme des travaux et dit son regret devant le recul économique que connaît la Côte d'Ivoire.

Trois (3) jours durant, vous avez été avec le secteur privé, le patronat ivoirien à Yamoussoukro dans le cadre d'un atelier sur le thème : "Côte d'Ivoire 2040 : le défi du meilleur". Que retenez-vous au terme de ces travaux de réflexion ?

Je voudrais d'abord dire que je suis satisfait après ces jours de réflexion à Yamoussoukro. C'est depuis 2008 que nous avons commencé cet exercice à Grand-Bassam où pendant trois (3) jours, nous avons travaillé et avons abouti au slogan "Le défi du meilleur". A Yamoussoukro, c'est la continuation de ce que nous avons fait. Comment traduire en programmes précis, les réflexions de Bassam. Nous avons échangé sur l'agriculture en voyant ce que peut devenir ce secteur important sur une période de 30 ans. Evidemment, c'est une agriculture moderne et c'est naturellement qu'on arrivera à une vision agro-industrielle performante. Il faut donc aller vers la transformation, la valorisation des produits. Nous ferons en sorte que l'agriculteur ne soit plus à la traîne comme aujourd'hui. Quoique l'agriculture supporte l'économie ivoirienne.

Comment allez-vous traduire les résultats des réflexions en actes ?

Il faut une volonté politique. Il faut que l'Etat ivoirien adopte les propositions qu'on va lui transmettre.

Ce n'est pas la 1ère fois que le secteur privé présente des conclusions de travaux à l'Etat ivoirien ?

Oui mais, nous allons amener l'Etat ivoirien à s'approprier ces résultats et à prendre des décisions qui boostent la relance de l'économie ivoirienne. Aujourd'hui, la Côte d'Ivoire est délabrée, défigurée. Son économie est à la traîne. En tant qu'Ivoirien, c'est très pénible de voir une telle situation, de regarder et de laisser faire. Je pense que c'est dans ce sens que les patrons de l'économie ivoirienne ont décidé d'apporter leur contribution à la Côte d'Ivoire, à l'Etat ivoirien. Peut-on laisser la situation ainsi? La jeunesse d'aujourd'hui n'a aucun repère. L'école est défigurée et que nous ne soyons même plus dans les 100 premières universités africaines. Nos enfants sont sans emploi après leurs études. Parce qu'on dit qu'une personne est au chômage quand elle a déjà travaillé. Nos parents paysans sont aujourd'hui les plus pauvres, on ne peut pas regarder cela et se taire. C'est tout cela qui a amené le patronat à initier les ateliers de Bassam et de Yamoussoukro afin d'identifier des solutions. La Côte d'Ivoire peut sortir de cette situation si les Ivoiriens le veulent.

C'est une question de volonté. Si les Ivoiriens le veulent et qu'ils se disent que la Côte d'Ivoire, c'est notre pays, nos routes sont dans un état de délabrement avancénous devons y apporter des solutions en mettant ensemble. Le patronat veut apporter sa contribution et nous allons remettre un document propre d'ici six (6) mois maximum au gouvernement.

Les travaux sur l'agriculture ont ouvert des échanges sur la banane et l'ananas. Comment va cette filière ivoirienne ?

La banane a moins de problème que l'ananas, parce qu'aujourd'hui c'est grâce à la banane que la filière existe encore. L'ananas, compte tenu du fait que nous avons raté un rendez-vous, celui de la nouvelle variété, le Mdd connait des difficultés. Le marché ne prend que cette variété-là. Il fallait se positionner rapidement en ayant de l'argent pour le faire. C'est quand l'ananas a commencé à avoir des problèmes sur le marché qu'on s'est rendu compte qu'il faut aller vers le Mdd. On a mis en place un centre et c'est l'Union européenne qui nous a aidés à essayer de régler ce problème. Malheureusement, ceux à qui la gestion a été confiée n'ont pas réussi à régler ce problème-là. Mais une structure comme la SCD, qui a vu venir ce problème, s'est investie progressivement dans la culture du Mdd. Cette organisation est, aujourd'hui, la plus grande exportatrice de banane et d'ananas.

Y a-t-il actuellement un plan de sauvetage de cette filière?

Oui, il faut arriver à un plan dans la "Vision Côte d'Ivoire 2040". Il faut arriver à un plan de sauvetage en changeant le système actuel parce qu'il ne garantit pas à l'ananas un avenir meilleur. Aujourd'hui, le planteur doit savoir qui peut l'aider à financer sa production. Si vous produisez pour quelqu'un qui dit "j'achète votre production" et qui vous permet de vous financer, je pense que vous allez produire et être sûr que vous serez toujours payé. Vous n'auriez donc pas de problème véritable de vente. Par exemple, les membres de l'Obamci produisent pour les importateurs comme avant, mais on n'avait pas de vrais rapports. On n'avait que des rapports de commerçants agrées. Maintenant, il faut un vrai partenariat, un partenariat entre le producteur, l'acheteur et le banquier.

Est-ce le plan stratégique de l'Obamci ?

Oui, c'est ce que nous souhaitons et essayons de mettre en place pour qu'on puisse continuer à produire. Parce qu'aujourd'hui à Obamci, c'est quand même 70% d'exportation de la banane en 2009 et 85% pour l'ananas en 2009. C'est le gros lot qui est sorti du local. Je ne veux pas revenir sur un passé de problèmes, de palabres inutiles. Nous avons créé cette organisation, qu'on nous juge sur ce que nous avons fait en un an, en deux ans, au-delà et, on pourra alors s'adresser à tous en présentant les résultats de l'Obamci reconnue, depuis août 2009, par les ministères de l'Intérieur et de l'Agriculture, par l'Union européenne, par les organisations nationales. On travaille désormais à deux (2), l'Obamci et l'Ocab. Pour les problèmes des planteurs, nous devons nous retrouver pour en parler. Mais pour l'instant, chacun travaille et on verra les résultats après.

Entretien réalisé par Parfait Tadjau
Coll : Annie Yao (Stagiaire)

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