vendredi 14 mai 2010 par Le Nouveau Réveil

Mais pourquoi donc la marche dite de la "délivrance" du Rjdp n'aura plus lieu, comme annoncé, demain samedi 15 mai ? Qui a cassé la dynamique ? Qui a brisé l'élan collectif et surtout pour quoi ? Y a-t-il une véritable cassure idéologique entre les leaders du Rhdp comme le laissent supposer les déclarations divergeantes exprimées au sortir de leur réunion des 10 et 11 mai sur la marche projetée par leurs mouvements de jeunesse ? Les militants du Rhdp et, au-delà, les Ivoiriens, cherchent à comprendre : qui a cassé la marche du 15 mai ?
L'audience accordée au chef de l'Etat Laurent Gbagbo par le Président Henri Konan Bédié, le 10 mai dernier, est-elle pour quelque chose dans la décision du report de la marche ? Cette question mérite d'être posée car, au regard de l'enchaînement des évènements, beaucoup n'ont pas hésité à établir un lien de cause à effet entre l'audience accordée à Gbagbo par le président du Pdci et les réticences du Rhdp à donner un mot d'ordre clair sur la marche des jeunes.
Pour précision, il convient de rappeler un certain nombre de faits. Bédié n'est pas rentré de Daoukro pour rencontrer Gbagbo. Ce n'était pas l'objet de son déplacement à Abidjan la semaine dernière. D'ailleurs, le patron du Pdci était réticent lorsque certains de ses proches collaborateurs lui ont soumis l'idée de cette rencontre qu'ils disaient pressante et voulue par le chef de l'Etat. Aussi avant de donner son accord, Bédié a pris soin d'informer ses alliés du Rhdp pour des raisons de convenance politique. Au cours de l'audience proprement dite, le Président Bédié s'est montré ferme et intransigeant sur le principe de la marche du 15 mai. Gbagbo a essayé de l'en dissuader mais il n'a pas réussi. De sorte que le lendemain, toute la presse nationale sans exception faisait remarquer que Gbagbo avait échoué face à Bédié dans sa tentative de faire reporter la marche des jeunes houphouétistes. Bédié était donc pour la marche, il n'a pas signé un compromis avec Gbagbo, ni pris un engagement avec ce dernier pour l'annulation de celle-ci. Il n'est donc pas juste de soutenir que c'est l'audience accordée par le Président Bédié à Gbagbo qui est à l'origine du report de la marche.

Des grosses interrogations
Il faut relever d'emblée que la décision de la conférence des présidents du Rhdp de reporter la marche fait suite à une analyse objective des données. Les conditions n'étaient pas réunies pour organiser cette marche aux objectifs multiples et imprécis. Certes la détermination des marcheurs était perceptible, audible et visible mais rien de très cohérent et planifié n'était prévu.
En effet, les jeunes du Rjdp, à qui il faut tirer le chapeau, avaient pris le soin de prévenir au moins 45 jours avant qu'ils envisageaient marcher le 15 mai. A cet effet, ils ont organisé des tournées pour réchauffer leurs bases. Ils ont fait des communications monstres dans la presse. Ils sont même allés voir le chef d'état-major des armées, le général de division Philippe Mangou, avec qui ils ont échangé. Ils en ont fait de même avec le directeur général de la police nationale, le général Brédou Mbia. Karamoko Yayoro, KKB et leurs amis ont également croisé le fer avec le ministre de l'Intérieur, Désiré Tagro qui avait tenté de les intimider avant de se raviser face à la détermination des jeunes.
Mais ces jeunes ont-ils été suivis par leurs responsables, notamment le directoire du Rhdp qui est en charge de la gestion exécutive du Rhdp ?
Rien n'est moins sûr. Car on n'a pas vu le directoire du Rhdp convier les jeunes à une rencontre pour essayer de coordonner ce qui était projeté pour le 15 mai. Parce qu'une manifestation de ce genre appelle des dispositions financières, matérielles ou sécuritaires particulières. L'on était en droit de penser que pour des raisons de pure stratégie, le directoire du Rhdp et ses jeunes n'avaient pas voulu faire une communication particulière sur cet aspect des choses. Mais en réalité, rien n'a été préparé, Djédjé Mady, les membres du Directoire et les jeunes ne se sont pas assis pour définir ensemble les objectifs et les modalités pratiques de la marche. Qui devrait faire le premier pas en direction de l'autre ? Qui ne l'a pas fait ? Toujours est-il que c'est au dernier moment que l'on a essayé de rattraper les choses. Et au moment où la conférence des présidents se réunissait lundi, rien de très clair n'avait été arrêté sur l'itinéraire de la marche, le budget n'était pas bouclé et les objectifs bien identifiés.
Du coup, les leaders du Rhdp étaient face à un sérieux dilemme car ils risquaient de donner un mot d'ordre sans savoir où ils envoyaient leurs militants. Il faut également souligner que le consensus n'était pas de mise au sein du collège des leaders du Rhdp. C'est ce qui explique par ailleurs les réactions un peu désordonnées et contradictoires au sortir de leurs deux réunions. C'est enfin ce qui explique le fait que les présidents Mabri et Anaky aient boycotté la dernière réunion chez le Président Bédié, mercredi.
En tout état de cause, personne n'était contre la marche du 15 mai. Mais il faut avoir l'humilité de reconnaître que les choses n'ont pas été suffisamment préparées et planifiées pour le succès de cette manifestation. La victoire a plusieurs pères, dit l'adage, et la défaite est orpheline. Et face à une telle situation, il sera difficile de trouver qui a cassé la marche du 15 mai.
Ceux qui ont signé le communiqué du report ne l'ont pas fait de gaieté de c?ur ; ils ne se réjouissent pas de cette issue qui leur cause plus d'ennuis au contraire, ils n'ont pas man?uvré pour atteindre ce résultat. Mais ce qui a tué le 15 mai, c'est le manque de coordination et d'anticipation entre les entités du Rhdp. A l'avenir, il faut que cela serve de leçon.
Akwaba Saint Clair

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