mercredi 23 juin 2010 par Autre presse

Eburnews - Cinq. C'est le nombre de jours qui reste pour la tenue de l'élection présidentielle en Guinée-Conakry. Pour une première vraiment démocratique, cette élection présidentielle s'annonce comme la plus ouverte de l'histoire de ce pays. Cinq est également le nombre des candidats susceptibles d'occuper le fauteuil présidentiel à l'issue de ce scrutin. Dans la ferveur de la fièvre électorale qui s'est emparée de la première ancienne colonie française indépendante, cinq noms circulent sur toutes les lèvres. Il s'agit du Pr. Alpha Condé, Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré, Lassana Kouyaté et François Lonseny Fall.
Le premier cité est un économiste formé en France. Il est âgé de 72 ans, marié et père d'un enfant. Le Pr. Alpha Condé a pour lui, sa longue expérience dans le marigot politique guinéen. Trois fois candidats malheureux à l'élection présidentielle, il était très proche de la présidence en 2001 après de l'élection présidentielle de cette année qu'il aurait certaines sources remportées. Arrêté et incarcéré au lendemain de cette élection par le général Lansana Conté, Alpha Condé abat dans cette compétition sa dernière carte. D'aucuns le voient dans ses habits d'opposants historiques remporter le scrutin de dimanche prochain. Mais la partie est loin d'être gagnée pour lui. Il est vrai que son parti le Rassemblement du Peuple de Guinée est de loin le parti le mieux implanté du pays. Mais son leader pêche au niveau de sa présence sur le terrain. Alpha Condé est resté absent pendant longtemps en dehors de la Guinée, loin du jeu politique. Lors du rassemblement du 27 septembre 2009 où les leaders politiques ont bravé la junte militaire dirigée par le capitaine Dadis Camara, celui qu'on appelle affectueusement Professeur n'y était pas. Ce que lui reprochent certains de ses compatriotes. Certains de ses adversaires par contre y étaient. C'est au cours de cette manifestation où plus de 150 Guinéens ont été massacrés qu'ils se sont forgés un destin d'opposant courageux. Mais le vieil opposant a beaucoup d'atouts pour remporter cette élection. Il peut d'abord se targuer d'être le seul à ne s'être pas acoquiné avec le régime dictatorial de Lansana Conté. Fort du soutien de quelques chefs d'Etat de la sous-région et de certaines relations dans l'Hexagone, il entend bien rafler la mise au soir du 27 juin. A côté de lui, il y a Celloun Dalein Diallo. Lui, c'est le champion du pays. Cet économiste âgé de 58 ans, marié avec trois enfants a été formé en Guinée. Il porte sur ses épaules tous les espoirs des peulh qui, après plusieurs années de frustration et de brimade, estiment que le moment est arrivé pour eux de diriger la Guinée. Celloun Dalein Diallo a été de ceux qui ont initié le grand rassemblement du 28 septembre 2009 au stade de Conakry. Il avait même été blessé à la tête au cours des malheureux événements qui ont suivi cette rencontre. Il a à son actif, lorsqu'il était chef du gouvernement, la construction de certains ouvrages tels que le pont de Conakry Mais cet ancien Premier ministre de Lansana Conté a des faiblesses. D'abord, beaucoup de compatriotes l'associent à la gestion catastrophique du régime Conté dans ces dernières années. En outre, la multiplicité de candidatures peulh risque de jouer en sa défaveur. Le troisième est lui aussi un économiste mais formé en France. Sidya Touré est âgé de 65 ans, marié et père de quatre enfants. Cet ancien haut fonctionnaire a fait la grande partie de sa carrière en Côte d'Ivoire. Il a été directeur de cabinet de 1990 à 1993, de l'unique Premier ministre d'Houphouët-Boigny, le docteur Alassane Dramane Ouattara. Ce brillant économiste a marqué les esprits en Guinée en réglant le problème de l'électricité et de l'eau. Cela lui a valu le surnom de Sidya Courant . Il a également réussi à regagner la confiance des bailleurs de fonds en permettant à la Guinée d'obtenir 5 milliards de dollars pour l'assainissement de la capitale. C'est également lui qui a mis de l'ordre dans le fichier de la Fonction publique. Ce bilan flatteur fait de lui l'un des favoris de l'élection du 27 juin. Mais Sidya Touré qui n'a pas une véritable base électorale comme les autres candidats, doit réussir à convaincre ses compatriotes avant ce scrutin au cours duquel le vote ethnique risque de primer. Mais pour l'heure, les intentions de vote lui sont largement favorables. Pour Lansana Kouyaté, le quatrième favori, plaide une honorable carrière de diplomate. Ce gestionnaire formé en Guinée a 60 ans, marié et père de deux ans. Cet ancien fonctionnaire international a été brièvement Premier ministre du général Lansana Conté aux lendemains des émeutes sociales de 2008. Mais l'ancien représentant spécial du président de l'Organisation internationale de la Francophonie en Côte d'Ivoire doit cravacher dur pour être au second tour. Le cinquième des favoris est un juriste formé en Guinée. Il s'agit de François Lonseny Fall. Il a 61 ans, marié et père de trois enfants. Ce haut fonctionnaire a été longtemps ministre dans les gouvernements successifs avant d'être également Premier ministre du général Lansana Conté. Il est le seul à avoir démissionné de son poste alors qu'il était à Paris. Les Guinéens ont également une bonne opinion de ce grand serviteur de l'Etat guinéen. Mais cela suffira-t-il pour faire de lui le premier président démocratiquement élu à l'issue d'une élection présidentielle véritablement ouverte et transparente ? La réponse, le dimanche 27 juin prochain. Quant aux 19 autres candidats, même s'ils n'ont pas une assise nationale comme les cinq premiers cités, ils pourraient jouer les trouble-fête dans cette élection où tout est encore possible.

Edgar Kouassi

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