dimanche 4 juillet 2010 par Xinhua

NOUAKCHOTT - La Mauritanie a franchi un pas important vers la libéralisation de son espace audiovisuel avec l'adoption vendredi par l'Assemblée nationale d'un projet de loi en ce sens.

Ce texte, qui doit être soumis au Sénat, vise, selon un exposé des motifs, à libérer l'espace audiovisuel, à éradiquer le contrôle et transformer les médias relevant de l'Etat en établissements publics.

Il consacre la libéralisation de l'audiovisuel en ceci qu'il ouvre droit a toute personne ayant les qualités requises, à créer sa propre radio ou télévison, précise le texte. Cette libéralisation devra, selon les responsables mauritaniens du secteur, contribuer à la modernisation de la vie nationale et au développement économique et social du pays.

Depuis 1960, année de l'indépendance de la Mauritanie, l'espace audiovisuel est un monopole de l'Etat. Une radio nationale (Radio Mauritanie), puis, une télévision étaient les seuls moyens de diffusion de l'information dans ce pays d'une superficie de plus de 1 million de km2.

C'est en 1975 que sera créée par l'Etat la première agence de presse du pays sous le nom de "Agence Mauritanienne de Presse" ( AMP). Deux journaux gouvernementaux paraissent la même année " Chaab" et "Horizons".

Ce n'est qu'en 1988, avec le vent de perestroïka qui a soufflé sur le continent africain, que l'on verra paraître la première publication privée.

D'autres journaux privés verront le jour, mais sous l'emprise d' une censure implacable qui finira par avoir le dessus sur certains éditeurs obligés de mettre la clef sous le paillasson. Ils laisseront la place à quelques parutions restées étouffées par l' absence d'un cadre juridique qui les protège.

C'est en 2005, avec la première transition que la Mauritanie va connaître une véritable prolifération de la presse écrite et électronique, dont le nombre a atteint des proportions pléthoriques pour un marché de trois millions d'habitants. Il y a aujourd'hui plusieurs centaines de journaux et de sites électroniques en Mauritanie.

La libéralisation de l'audiovisuel est une revendication portée par les journalistes et des éditeurs. Leur plaidoyer auprès des parlementaires et du gouvernement a abouti au projet de loi adopté vendredi dernier.

Devant les députés, le ministre mauritanien de l'information Me Hamdi Ould Elmahjoub, a souligné que l'adoption du projet de loi en question répond à une double exigence. D'une part, il concrétise une promesse électorale du président Mohamed Ould Abdel Aziz et il répond, d'autre part, à l'attente des journalistes, des opérateurs et des investisseurs du secteur.

Il a expliqué que le projet de loi met en place le cadre juridique définissant les principes généraux et les règles de fonctionnement de l'espace audiovisuel pour lui permettre de jouer pleinement son rôle en tant qu'instrument de développement et soutien à l'oeuvre de construction nationale.

Il a réaffirmé que la libération de la presse, la diffusion de la culture de la démocratie et de la liberté d'expression, sont des choix irréversibles.

Au cours des derniers mois, des leaders d'opinion, des acteurs de l'audiovisuel, ainsi que des journalistes ont, au côté des partis politiques, notamment ceux de l'opposition, mené une vaste campagne pour obtenir l'accélération de la libéralisation de l' audiovisuel restée théorique.

Un premier projet de loi, élaboré en 2006, était resté en veilleuse alors qu'il avait adopté par le gouvernement en 2007, soumis à l'assemblée nationale et adopté en 2008 et par le Sénat qui y avait apporté quelques légers amendements. Mais, le processus avait été interrompu par le coup d'Etat.

Au cours de la campagne électorale pour la présidentielle de 2009, le candidat Aziz avait fait de la libéralisation une promesse électorale.

Le nouveau projet de loi vise, non seulement à libérer l'espace audiovisuel, mais aussi à transformer les médias relevant de l' Etat en établissements publics, a souligné un député de la majorité au pouvoir.

Il a également pour but de permettre à l'espace audiovisuel de répondre aux exigences de la profession, de la pratique démocratique, de la modernisation de la vie nationale et de la contribution au développement économique et social du pays, a indiqué un député de l'opposition.

Au cours des séances plénières du parlement consacré à ce projet de loi, les parlementaires ont souligné la nécessité d'un nouveau texte de loi, soulignant que "la liberté de presse constitue le soutien essentiel de la démocratie et la caractéristique principal de l'Etat de droit, mais qui doit nécessairement obéir à des normes et des règles devant empêcher la pagaille".

Pour les députés de l'opposition, "les craintes liées au désordre de la liberté de presse, évoquées par ceux de la majorité, ne justifient pas la mise en place d'obstacles juridiques pour la limitation de cette liberté".

Des députés de l'opposition ont indiqué que la libération de l' espace audiovisuel doit, impérativement, s'accompagner d'une ouverture des établissements de la presse publique à tous les citoyens mauritaniens. Ils ont également déploré le monopole des médias publics par le gouvernement, malgré l'accord de Dakar, dont l'accès à égalité au service public constitue une recommandation majeure.

Aujourd'hui, comme le déplore le Syndicat des journalistes mauritaniens, en Mauritanie, même si la presse écrite et électronique jouit d'une large liberté, il l'emprisonnement pour délit de presse est resté en vigueur. Fin

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