vendredi 17 septembre 2010 par L'Inter

Dans la perspective de la prochaine élection présidentielle, des candidats ont choisi de faire la cour aux couches les plus démunies de la société. La dernière opération de séduction du genre est celle du président du Rdr, Alassane Ouattara, qui a sillonné trois quartiers précaires de Yopougon dans la matinée d'avant-hier, mercredi 15 septembre 2010. En tête d'un cortège de grosses cylindrées, ADO est allé au contact des dures réalités de ces oubliés du développement qui vivotent à Wassakara, Koweit et Port-Bouët II. Le temps d'une journée, il s'est frotté aux conditions précaires dans lesquelles vivent ces démunis. Le temps d'une journée, il s'est assis dans le salon au décor piteux des familles auxquelles il a rendu visite, a vécu la chaleur de ces espaces mal aérés et mangé de la nourriture pour pauvre. Le temps d'une journée, il s'est montré compatissant à leur galère. Je sais que vous souffrez : vos enfants ne vont pas à l'école, vous n'arrivez pas à acheter les médicaments quand vous êtes malades , a-t-il répété dans chacun des trois quartiers précaires qu'il a visités, avant de glisser une enveloppe pour soulager leur faim. Faim de médicaments, faim d'eau potable, faim d'école, faim d'emploi. Une véritable opération de communication à but purement électoraliste, à la limite de la condescendance. Rien de plus. C'est curieux en effet, cette subite cohabitation entre le riche économiste de la Riviera Golf et les crève-la-faim de Wassakara, Koweit et Port-Bouët II. Pourquoi est-ce maintenant que l'ancien Premier ministre foule ces quartiers précaires pour prendre le pouls de la misère qu'y vit cette frange de la population ivoirienne ? Qu'a-t-il fait par le passé pour aider à soulager ces démunis de la situation de précarité dans laquelle ils vivent ? A-t-il jamais contribué un tant soit peu à l'assainissement de leur cadre de vie ? A-t-il jamais aidé les diplômés sans emploi de ces quartiers à se caser ? Comme c'est bien aisé à quelques semaines de la présidentielle d'aller faire ami-ami avec ces miséreux qu'il ne fréquentait pas par le passé ? Alors si ce n'est pas de la communication pour attrape-nigaud, ça y ressemble. Avant Ouattara, d'autres candidats ont courtisé les pauvres de ces quartiers précaires avec la même finalité :

exploiter leurs voix pour accéder au palais présidentiel ou s'y maintenir.

A la faveur de la dernière fête de Noël, le candidat-président Laurent Gbagbo avait distribué des jouets aux enfants déshérités des quartiers précaires de Yopougon. Un Arbre de Noël initié par le sulfureux Al Moustapha, qui disait agir au nom du candidat-président Laurent Gbagbo. Ici également, il ne s'agit que d'une action de charité à but électoraliste. Le candidat du camp présidentiel a jugé judicieux d'utiliser les jouets comme appâts pour toucher les enfants et, par de là eux, avoir les voix de leurs parents. Vu la médiatisation dont la cérémonie a fait l'objet, on devine que c'était surement la première du genre depuis que le chef de l'Etat est au pouvoir. Qu'a-t-il fait auparavant pour contribuer significativement à l'amélioration du cadre de vie de ces Ivoiriens exclus du partage des richesses du pays ? Il est de notoriété que ces quartiers pullulent de chômeurs et sans-emploi. Qu'a fait le candidat-président Laurent Gbagbo pour offrir ou garantir à ces parents l'emploi qui leur aurait permis d'acheter par eux-mêmes des jouets de Noël pour leurs progénitures ? C'est bien facile de se vêtir des apparats de Père Noël à quelques mois de l'élection présidentielle. Plus récemment, avant le président du Rdr, c'est le candidat de l'Union pour la Côte d'Ivoire, Gnamien Konan, qui est allé à la rencontre des pauvres de Wassakara. A l'invitation de l'Union des femmes de ce quartier, l'ancien Dg des douanes a quitté momentanément sa résidence cossue de Cocody pour aller échanger avec ces résidentes de Wassakara dans le modeste salon d'une famille. A lui également, ces dames ont confié leur espoir de le voir mettre fin à la galère de leurs enfants. Il a promis de trouver du travail à chaque enfant de Wassakara en âge de travailler. A condition qu'il puisse compter sur leurs voix. Cette descente de l'ex-homme fort de la douane dans l'enfer de Wassakara n'est point différente de celle des autres prétendants au fauteuil présidentiel. Ainsi va la chasse aux voix en cette période de précampagne électorale.

Assane NIADA

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