jeudi 30 septembre 2010 par Le Nouveau Courier

Ces dernières semaines, on a beaucoup parlé d'aide aux pays en développement et de la nécessité d'éradiquer la pauvreté de la surface de la planète. Le sommet des Nations Unies sur les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), le 20 septembre dernier, a été l'occasion de se rendre compte que les progrès attendus ne sont pas encore au rendez-vous, et qu'une des raisons, c'est le refus des pays riches de tenir leurs engagements en matière d'aide au développement, eux qui se sont décidés à y consacrer au moins à 0,7% de leur PIB.
Mais force est de constater que bien plus que l'envergure de cette aide, c'est sa nature qui est déterminante pour son efficacité. Il est vrai qu'elle peut prendre de multiples formes, notamment le financement de projets par dons, les prêts d'argent à taux préférentiel, l'annulation de dettes dans le but de contribuer dans plusieurs domaines (formation et éducation, santé). Mais je pense qu'en gros, on peut distinguer deux principales formes d'aide au développement, selon la finalité poursuivie ou (de toutes façons) réalisable : l'aide à la consommation et l'aide à la production.
L'aide à la consommation, ce sont toutes les interventions qui se traduisent par une augmentation de la consommation des populations des pays aidés, sans que leur revenu n'en soit affecté. Le dernier exemple en date, c'est la décision de l'ONU d'investir 40 milliards de dollars pour améliorer la santé des femmes et des enfants à travers le monde en développement. Cette action aura une efficacité limitée car, après avoir amélioré la santé de ces personnes, elle ne garantit en rien que ce capital santé sera auto-entretenu. Et en considérant la plus grande part de l'aide aux pays pauvres, force est de constater qu'il s'agit essentiellement d'aide à la consommation, destinée à élever le bien-être social à court terme, mais sans plus.
A contrario, l'aide à la production est celle qui crée les conditions pour une augmentation du revenu des populations à travers la croissance économique. Elle nécessite une réflexion approfondie sur les voies et moyens d'améliorer l'efficacité du travail dans des pays où le capital humain n'est que très peu développé. Au lieu d'investir dans l'acquisition de biens de consommation finale, l'aide à la production investit dans les infrastructures économiques, politiques et sociales afin de créer les conditions pour que le chômage recule, et que chaque citoyen se prenne en charge par son propre travail. Ainsi, les revenus augmentant, les populations peuvent s'offrir par elles-mêmes les biens de consommation finale nécessaires à leur bien-être. C'est à ce prix seulement que la lutte contre la pauvreté à l'échelle mondiale aura un sens.
C'est trivial, me direz-vous ! Mais pourquoi donc les grandes puissances mondiales tournent-elles en rond depuis la fameuse déclaration du Président Truman du 20 janvier 1949 (où un dirigeant occidental reconnaissait pour la première fois la nécessité de l'aide) ? Eh bien, à mon avis, l'aide au développement n'est toujours pas devenue responsable parce que d'une part, les pays donateurs poursuivent (quasiment) tous des agendas secrets qui n'ont rien à avoir avec le développement des pays pauvres. Au moment où le Président Truman parlait, l'aide au développement était un moyen de lutter contre l'expansion du communisme ; et aujourd'hui, si le monde occidental s'accorde pour reconnaître la nécessité d'augmenter sa contribution aux pays en voie de développement, c'est d'abord et avant tout pour freiner l'envahissement de ses capitales par les migrants du Sud, ou pour lutter contre l'insécurité internationale que représentent des groupes comme Al Qaeda.
La seconde raison est que dans un monde où les ressources ne sont pas illimitées, le commerce international ressemble de plus en plus à un jeu à somme nulle où les puissances du moment aimeraient bien voir des pays sous-développés comme ceux d'Afrique au Sud du Sahara, demeurer leurs pourvoyeurs en matières premières et des débouchés pour leurs produits manufacturés.
C'est donc dans leur propre intérêt que les donateurs aident les pays pauvres, c'est pourquoi tant qu'ils auront le choix de la forme d'aide à accorder, ils pencheront naturellement vers l'aide à la consommation, qui est également un autre moyen d'écouler leurs produits.
C'est pourquoi, je pense que l'Afrique ne devrait pas attendre son développement de cette aide, quel qu'en soit le montant. La meilleure façon de s'en sortir (si nous voulons nous en sortir), c'est de commencer à gérer au mieux les ressources disponibles, en ayant comme objectif une croissance impulsée par le travail du plus grand nombre. Pour que l'Afrique avance !

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