La patrie, c'est le village , nous enseignait Laurent Gbagbo, dans son livre Sur les traces des Bété . Toute sa philosophie politique, qui a guidé la création du Front Populaire Ivoirien, trouve sa source dans cette maxime. C'est pourquoi, dès son entrée en politique, Gbagbo s'est érigé en redresseur des torts des populations Guébié qui on eu maille à partir avec le régime de Félix Houphouët Boigny. Dans cette optique, le génocide Guébié est devenu le fonds de commerce et de ralliement du chef de file de la refondation. Même quand il s'est agi d'avoir des modèles en politique, Laurent Gbagbo a établi une comparaison entre lui et les anciennes figures politiques du centre-ouest, notamment Dignan Bailly, Victor Biaka Boda et Kragbé Gnangbé Opadjilè . Chez notre ancien président, tout se résume au village, qui a la primauté sur la République. On se souvient encore de la demande que l'ancien régime avait faite aux Ivoiriens, à savoir faire établir leur carte d'identité au village. C'est fort de cette convenance qu'Henri Philippe Dakoury Tabley a cru bon d'aller à l'encontre de la décision de l'UEMOA, pour octroyer près d'une centaine de milliards de la BCEAO à l'ancien président ivoirien qui refuse de quitter le pouvoir perdu dans les urnes devant le Président Alassane Ouattara. Le samedi dernier à Bamako, celui qui était jusque là le gouverneur de la BCEAO a été débarqué de son poste. Originaire de la même région de le camarade socialiste, Dakoury Tabley s'est cru investi de la mission de contourner les règles de l'Institution bancaire pour octroyer des milliards au despote ivoirien, qui n'a plus aucune légitimité ni aucune légalité depuis le 28 novembre dernier. Pendant dix années donc, la Côte d'Ivoire a été dirigée sous le sceau de l'appartenance régionale et clanique. On comprend aisément pourquoi notre pays ne pouvait pas échapper à la descente crépusculaire savamment planifiée par les refondateurs. Avec l'avènement du Président Alassane Ouattara, vivement que la Côte d'Ivoire sorte de cette conception villageoise du pouvoir, pour donner toute sa chance à une nation démocratique qui prend ancrage sur les valeurs universelles de liberté, de progrès, d'impartialité et de développement.
Bakary Nimaga