jeudi 29 septembre 2011 par Le Patriote

L'émotion était à son comble hier, à la Fondation Félix Houphouët-Boigny pour la recherche de la paix, à Yamoussoukro. Des chants appelant la grandeur des peuples de Côte d'Ivoire et au souvenir des pères fondateurs. Des mots et des paroles invitant au retour des valeurs qui ont fait du pays de Félix Houphouët-Boigny, cet oasis de paix qu'il a été durant plusieurs décennies. Des moments intenses qu'ont savourés avec beaucoup de joie et un brin de nostalgie les nombreux invités du président de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation qui ont fait le déplacement. Pour la cérémonie d'installation officielle de la Commission, la mythique salle de conférence de la Fondation a fait sa toilette. La qualité des invités et la présence du chef de l'Etat dans la salle ont donné un éclat particulier à cette cérémonie qui se voulait à la fois solennelle et sobre. Et lorsqu'à 17h10, le président Alassane Ouattara se dirige vers le pupitre, le silence qui précède sa prise de parole est révélateur de la charge émotionnelle qui a envahi la salle. Du coup, dans cette ambiance fusionnelle, on pose des actes démonstratifs et on sort des mots qui trahissent des sentiments forts et une grande affection difficilement contenue. Le chef de l'Etat qui est en parfaite communion avec l'esprit ambiant extériorise librement à ses sentiments. Mon cher Charles, je suis convaincu que tu conduiras ce processus avec des résultats probants , rassure-t-il, la gorge nouée par l'émotion. Non sans avoir supplié auparavant ses compatriotes, tous les Ivoiriens, à s'approprier le processus de réconciliation nationale en aidant le président de la commission, Charles Konan Banny, à réussir sa mission. La réconciliation doit être l'affaire de tous , conseille-t-il dans un tonnerre d'applaudissements. Mais pour l'initiateur de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation, le retour à une effusion sincère des c?urs et des esprits en Côte d'Ivoire passe nécessairement par le pardon. Demandons pardon autour de nous et à chaque Ivoirien , implore le président Ouattara. Puisqu'il reste convaincu que sans la paix et la réconciliation, son projet pour la Côte d'Ivoire, aussi ambitieux soit-il, ne pourra jamais avoir un début de commencement. Les Ivoiriens, aux dires du président de la république, doivent donc considérer le processus de réconciliation en cours comme une thérapie. Donnons-nous une chance de réussir , plaide-t-il. Avant lui, le président de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation, face à l'ampleur de la tâche qui l'attend, s'est interrogé: Monsieur le président, nous voulons réussir. Y parviendrons-nous ? . Avant de donner la réponse à cette question
sait. Mais si le peuple de Côte d'Ivoire le veut, Dieu le voudra, parce que Dieu est en Côte d'Ivoire . Le Premier ministre Charles Konan Banny a rappelé une fois de plus que le processus de réconciliation dont il a la charge, mettra en ?uvre un dispositif de consultation qui permettra aux Ivoiriens de s'approprier le processus. Cependant, il a tenu à faire cette précision : La commission n'est pas dotée d'un pouvoir d'amnistie et d'absolution . Aussi a-t-il insisté qu'il n'y aura ni vengeance ni impunité et que la justice à côté du travail de la Commission suivra son cours. Il a également rappelé que le processus de réconciliation nationale se fera dans la pure tradition africaine. Car tous les rites qui pourront apaiser les esprits après la mort de milliers de victimes dans la crise qu'a connue la Côte d'Ivoire, seront effectués. La quête de la vérité et la réconciliation ne pourront être effectives que si, telle une plaie qu'on débarrasse de ses impuretés avant de la soigner, les communautés nationales sont soumises au préalable à tous les rites qui ont le pouvoir psychologique d'apaiser les tensions , argue-t-il. Car, selon lui, le but de la CDRV est d'apaiser non seulement l'esprit des victimes, mais aussi celui des ancêtres et la colère de Dieu. Pour le président de la CDRV, la réussite du processus passe avant tout par une réponse à ces questions fondamentales : Comment en sommes-nous arrivés à ce degré de barbarie et d'irresponsabilité ? Pourquoi aucune des tentatives antérieures n'a-t-elle donné les résultats escomptés? Que faire pour l'actuelle Commission, qui vient d'être portée sur les fonts baptismaux par vous-même, monsieur le président de la république, n'aboutisse pas à la même impasse que les forums passés . Et pour lui, cela présuppose la ferme volonté de rechercher la vérité sans tabous, sans entraves, ni faux-fuyants. Il s'agit pour la Côte d'Ivoire de se regarder en face, courageusement et d'accepter de se découvrir telle qu'elle est non pas de brouiller sa propre image pour se proclamer telle que certains voudraient qu'elle soit , a-t-il martelé. C'est pourquoi, la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation sera accoucheuse de vérité . Le maire de Yamoussoukro, Kouakou Gnrangbé Jean, pour sa part a, au nom des populations, exprimé sa fierté de voir le choix du président de la CDVR porté sur la personne de Charles Konan Banny, un fils de Yamoussoukro et un disciple de Félix Houphouët-Boigny.

Jean-Claude Coulibaly
(Envoyé spécial)

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