samedi 28 juillet 2012 par Le Nouveau Réveil

Le préfet de M'bahiakro, malgré les difficultés rencontrées dans le règlement du conflit, ne désespère pas. Bien au contraire. Il invite, pour cela, les populations à s'inscrire dans le processus de réconciliation nationale afin que ce conflit unique dans la région puisse être résolu.

Monsieur le préfet, qu'est-ce qui se passe au juste à Dangou ?
En juin 2007, mon collègue que j'ai rencontré ici, au cours de la passation de service, m'a fait état de l'existence d'un conflit à Dangou. L'affaire concerne une famille de ressortissants burkinabé dont le chef de famille est arrivé dans cette localité il y a environ une soixantaine d'années. Il a été reçu par des familles de propriétaires terriens qui lui ont cédé des parcelles qu'il a mises en valeur. Par la suite, la famille s'est agrandie et au moment des faits en 2002, elle comptait 60 personnes. C'est à l'éclatement de la crise de 2002 que ce chef de famille burkinabé du nom de M. Issa Sawadogo est parti de ce village pour, dit-il, aller se mettre en lieu sûr avec toute sa communauté. Il est parti s'installer provisoirement à Prikro.

Est-ce qu'il manifeste le désir de revenir aujourd'hui ?
Le problème est justement à ce niveau. Quand le conflit s'était quelque peu calmé, il est venu rencontrer les autorités administratives pour leur faire part de son intention de revenir à Dangou. Il s'agissait, pour nous, d'amener les populations à accepter le retour de M. Issa Sawadogo et les membres de sa famille.

Quelle a été leur réponse ?
Depuis ma prise de service, il y a environ cinq (05) ans aujourd'hui, nous avons tenu une multitude de réunions au cours desquelles ce désir de M. Issa Sawadogo a été transmis aux populations. A partir de l'année 2011, nous avons repris les contacts avec les populations. A la dernière réunion de novembre 2001, au cours de laquelle, les échanges ont eu lieu avec les populations, elles avaient manifesté leur accord de se retrouver à la période de Pâques 2012 pour échanger sur le sujet. Nous leur avons accordé le délai qui courait de novembre 2011 à avril 2012. C'est après le mois d'avril que nous avons reçu un courrier dans lequel la position adoptée était mitigée.

C'est-à-dire ?
Il a été fait cas, dans ce courrier, que M. Issa Sawadogo et sa famille occupaient des terres dont les populations aujourd'hui ont besoin. Et que cette communauté étant partie depuis une dizaine d'années, le retour pouvait créer des difficultés quant à l'intégration des membres de la famille. Mais la composition de ce courrier disait que les populations s'en remettaient à l'autorité administrative pour trouver les voies et moyens pour un retour pacifique de M. Issa Sawadogo et les membres de sa famille.

Qu'allez-vous décider maintenant ?
Il a été demandé aux populations de faire confiance à l'administration, d'accepter le retour de M. Issa Sawadogo dans le cadre de la réconciliation nationale. Dans le cadre de la réconciliation nationale, il est bon que les populations acceptent le retour de M. Issa Sawadogo et des membres de sa famille. Quitte à l'administration, de mettre sur pied un dispositif de suivi pour régler les problèmes éventuels qui se poseraient. A savoir, problème de leur présence au sein de la population, dans le village, problème de récupération des terres qu'ils ont mises en valeur etc. A une séance de travail, le chef du village a pris la parole pour déclarer que la population accepte le retour de M. Issa Sawadogo. Ensemble, nous avons trouvé bon qu'il soit organisé une cérémonie de réconciliation selon les rites coutumiers. J'ai donc mis le sous-préfet de M'bahiakro en mission qui est allé dans le village pour entretenir les populations sur l'organisation imminente de la cérémonie pour le retour de M. Issa Sawadogo. Selon le compte rendu fait par le sous-préfet et le chef du village, tout s'est bien passé. Mais le jour même, à la tombée du jour, des jeunes gens sont allés en grand nombre assiéger la concession du chef du village menaçant de s'en prendre à lui parce qu'ils ne seraient pas favorables au retour de M. Issa Sawadogo. On a échangé à nouveau sur cette affaire et j'ai insisté sur le fait que les populations de Dangou ne peuvent pas se mettre en marge du processus de réconciliation nationale. On m'a demandé un délai de deux (02) mois que j'ai trouvé assez long compte tenu du fait que l'affaire dure depuis 2007 en ce qui me concerne. Et je leur ai accordé un mois jusqu'au 25 juillet. Des cadres de Dangou ont dépêché un de leurs éléments qui m'a fait part du désir des cadres de reporter le délai du 25 juillet. Nous en sommes là. Aujourd'hui, M. Issa Sawadogo n'a à la bouche qu'une seule parole. A savoir le pardon.

Est-ce que vous avez bon espoir que ce conflit trouvera une solution ?
Oui ! Je n'ai aucune raison de douter de la bonne foi ni de la volonté des populations de Dangou de s'inscrire dans le processus de réconciliation nationale. Nous leur avons demandé de ne pas se mettre en marge de ce processus. Je pense que nonobstant quelques résistances, la population finira par comprendre que ce problème qui est le seul de ce genre dans le département de M'bahiakro et peut-être dans la grande région de l'Ifou puisse être résolu.

Interview réalisée par Dje km

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