samedi 12 septembre 2015 par L'intelligent d'Abidjan

M. Hamed Bakayoko, ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et de la Sécurité, entend ?uvrer sans relâche à l'apaisement de la Côte d'Ivoire et à la réconciliation des Ivoiriens entre eux. Pour le numéro deux du gouvernement, c'est un impératif pour assurer le retour des investisseurs, de la croissance économique et du développement. Ci-dessous, l'entretien qu'il a accordé aux Cahiers de la Francophonie.

La sécurité est un préalable pour garantir un climat d'affaires serein et propice aux entrepreneurs. Quels efforts la Côte d'Ivoire mène-t-elle dans ce domaine?
L'activité économique a besoin de stabilité. Les opérateurs économiques ne peuvent valablement produire, embaucher, exporter que dans un climat de sécurité. Les investisseurs internationaux
s'engagent quand l'évaluation qu'ils font de leurs risques leur est favorable. C'est dans ce sens que nous avons travaillé, dès notre arrivée aux affaires, pour rétablir la confiance. Nous avons réformé et équipé les forces de sécurité, renoué le lien entre les Ivoiriens et leur police, rétabli le respect mutuel entre la population et les forces de l'ordre. Tous les barrages, qui affectaient la libre circulation des biens et des personnes, ont été supprimés. Nous avons modernisé les moyens de surveillance de la criminalité en introduisant la vidéo-protection qui nous a déjà permis d'obtenir de très bons résultats. Le retour de la sécurité et de la confiance sont les premières réussites du Président de la République, Alassane Ouattara.

Quels en sont les résultats tangibles?
En trois ans, l'Indice Général Ivoirien de Sécurité est passé de 3,9 à 1,12, ce qui place la Côte d'Ivoire au niveau des grandes villes occidentales, comme Genève, Marseille ou New York. Tous les indicateurs internationaux vont dans le même sens. Le retour du siège et du personnel de la Banque Africaine de Développement (BAD) à Abidjan est un signal fort de la confiance retrouvée envers notre pays. Autre observation intéressante à relever : le nombre de vols à destination d'Abidjan a considérablement augmenté. Le développement du trafic est exponentiel (le nombre de voyageurs a plus que doublé en trois ans) et les Etats-Unis viennent d'accorder l'agrément de l'aéroport Félix Houphouët-Boigny pour lancer des lignes directes. Nous sommes aux normes internationales.

Sensible à cette question du développement économique, vous avez lancé à titre personnel un concours pour les jeunes entrepreneurs l'été dernier. Comptez-vous renouveler cette opération ?
Oui bien sûr. Je l'ai fait parce que je souhaite développer l'esprit d'entrepreneuriat dans l'esprit des jeunes Ivoiriens. Tous ne peuvent pas être fonctionnaires. On a besoin d'opérateurs économiques qui soient des agents du développement.
Le gouvernement a même introduit cette notion d'entrepreneuriat à l'école. C'est très important. Nos jeunes doivent savoir que c'est par leurs efforts, la qualité de leurs idées et un travail acharné qu'ils s'en sortiront. Entreprendre, c'est se préparer son propre avenir. Je suis proche de la jeunesse et je veux leur donner ce goût de l'effort. Ceux qui ont de bonnes idées, il faut les encourager. Je renouvellerai cette opération chaque année.

Votre Ministère est également concerné par l'organisation des prochaines élections présidentielles, en octobre 2015. Pourront-elles traduire un retour à la normalisation de la vie politique ivoirienne, après la grave crise post-électorale de 2010-2011 ?
Nous ne pouvons pas nous permettre une nouvelle crise à l'occasion de cette élection. D'ailleurs, aucun analyste n'envisage cette hypothèse sérieusement. Le pays s'est normalisé. Nous avons fait beaucoup d'efforts pour la réconciliation. Elle est en marche. Beaucoup d'exilés ont entendu l'appel du Président de la République à rentrer au pays. Et ils ont eu raison. Rien ne leur est arrivé. Nous sommes passés à autre chose. Nous avons enclenché une dynamique vertueuse, vers l'émergence, que personne ne souhaite casser. Aujourd'hui, la majorité gouverne, l'opposition s'oppose. Elle présentera des candidats à l'élection présidentielle. Bref, tout est normal. Le Président Ouattara l'a dit, la présidentielle se tiendra dans le calme. En ce qui concerne l'organisation de l'élection elle-même, c'est la Commission Electorale Indépendante qui en a la charge. Mon département ministériel agit comme un ministère technique qui déploie la logistique pour que le scrutin se déroule dans de bonnes conditions. Quant au code électoral, il a été modifié à l'effet de prendre en compte les acquis des élections de 2010 et de toutes les ordonnances et accords qui ont régi l'organisation de ces élections. Nous nous réjouissons de constater que ni le code électoral, ni la Commission Electorale Indépendante, ni les décrets pris en ce moment ne font l'objet de contestation. Or ce sont ces instruments qui peuvent porter en eux des germes de conflits, s'ils ne sont pas établis sur une base consensuelle. Par ailleurs, nous avons toujours maintenu le dialogue avec tous les acteurs politiques afin que l'atmosphère politique générale soit plus sereine et propice à des élections apaisées et crédibles. Pour toutes ces raisons, nous sommes confiants : la Côte d'Ivoire tournera définitivement la page des élections contestées et violentes.

En tant que ministre de l'Intérieur, vous êtes le garant de la liberté d'expression de vos opposants politiques. Tendez-vous aujourd'hui la main à tous les exilés ?
La réconciliation n'est pas une option. C'est une nécessité. Et nous avons fait d'énormes progrès en peu de temps, finalement. La main a été tendue à plusieurs reprises par le Président de la République. Beaucoup l'ont saisie. Je dis à ceux, irréductibles, qui persistent à refuser ce processus que ce combat, hors des lois, est vain. Aujourd'hui, personne ne veut d'un retour aux crises. Nous travaillons sans relâche à la cohésion du pays. L'opposition est libre de s'exprimer à travers sa presse, libre de manifester ou d'organiser des meetings. Nous sommes revenus dans un État de droit et nous nous faisons fort de respecter les droits des individus autant que ceux des organisations associatives, politiques, syndicales et cultuelles. La réconciliation doit être notre credo à tous, car notre pays ne peut se permettre de renouveler les antagonismes qui nous ont divisés.

In Les Cahiers de la Francophonie spécial Côte d'Ivoire datés des 6 et 7 septembre 2015

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