par Le Matin d'Abidjan

L'union nationale des artistes de Côte d'Ivoire (Unartci) n'est plus en odeur de sainteté avec les responsables du bureau ivoirien du droit d'auteur. Des problèmes nés du statut juridique hybride de la maison des artistes seraient la pomme de discorde.

Le grand public ivoirien continue de se demander ce qui se passe entre les responsables actuels du bureau ivoirien du droit d'auteur (Burida) et ceux de l'union nationale des artistes de Côte d'Ivoire (Unartci). En effet, ces deux organisations sont à couteaux tirés quant à la gestion des droits des artistes ivoiriens. L'UnartciNaccuse l'Administrateur provisoire, Armand Obou, installé au mois de juin 2007 par l'actuel ministre de la culture et de la francophonie, de faire une mauvaise gestion des droits des artistes. Pour Gadji et ses amis, personne ne sait comment sont répartis les droits. En plus, seul Armand Obou signe les entrées et sorties pour les recettes du Burida. Ce qui n'est pas normal, s'est -il plusieurs fois plaint. Pour sa part, Armand Obou estime qu'il est venu pour redresser la maison. Raison pour laquelle, il ne comprend pas que les membres du Burida s'en prennent à sa gestion. Il pense travailler pour le bien-être des artistes qui ont trop longtemps souffert et qui ont désormais besoin de vivre du fruit de leur travail. A la vérité, le fond du problème, c'est le statut hydride de cette maison. Une structure privée. En ce sens que selon l'article 62 de la loi N° 96-564 du 25 juillet relative à la protection des ?uvres de l'esprit et aux droits des auteurs, artistes interprètes et des producteurs de phonogrammes et vidéogrammes, le Burida a été créé à titre associatif. Mais paradoxalement, il est placée sous la tutelle du Ministère chargé des affaires culturelles. Pour ce faire, l'Etat de Côte d'Ivoire a toujours été trop présent dans la gestion du Burida. Ce que les artistes n'ont de cesse de dénoncer. En fait, les artistes n'ont pas compris que non seulement, le ministère de la culture a un membre au sein du conseil d'administration au même titre que le Ministère de l'économie et des finances. Mais encore que le même ministère nomme le Directeur général qui co-gère la structure avec le Président du conseil d'administration qui a toujours été un créateur. Si le Burida est une association, l'Etat n'a pas à être aussi présent dans sa gestion , ont fustigé certains artistes. Pour eux c'est là que se réside le n?ud du problème. Ils souhaitent donc que leur structure leur soit rétrocédée pour qu'ils la gèrent eux-mêmes. Pour l'actuel administrateur provisoire, il y a lieu de corriger ce paradoxe. D'où l'atelier organisé il y a quelques jours. C'est le lieu de marquer l'envie réelle des artistes de diriger leur maison. Parce que l'occasion leur est donnée à travers l'avant-projet loi qui sera soumis au Ministère de la culture et dans lequel le Burida change de statut juridique pour devenir une société civile de type particulier. De ce fait, c'est le conseil d'administration composé dans sa grande majorité de créateurs qui prendra toutes les décisions. Allant jusqu'à la nomination du Directeur Général. C'est une belle opportunité , explique Me Claver N'dri, Avocat Conseil du Burida. C'est donc le moment de mettre balle à terre. Afin de mieux appréhender les choses dans la sérénité.

Valen Guédé, ex-PCA du Burida : Celui qui est contre cette nouvelle loi, est contre les artistes?
Les bruits de contestation qui ont cours en ce moment entre le Burida et l'Unartci font couler beaucoup de salive et d'encre dans la cité. Et les professionnels du monde artistique ne veulent pas rester en marge de ce qui se passe dans les deux structures. Valen Guédé, musicologue et ancien Président du conseil d'administration du Burida est sorti de sa réserve. Une première fois le vendredi dernier et hier encore. Parce que pour lui, la population doit savoir ce qui se passe réellement entre les artistes. 99% des artistes ne comprennent pas ce qui se passe parce qu'ils ne connaissent pas grand'chose dans la gestion des droits d'auteur. Il est donc de notre devoir de les éclairer , a t-il expliqué pour justifier ses différentes sorties. Il pense, que l'avant-projet de loi qui a été sorti de l'atelier sur les nouvelles reformes du Burida est une opportunité que les artistes de Côte d'Ivoire ne doivent pas rater. Dans ce sens que plusieurs d'entre eux luttent depuis 1981 pour l'avoir. Quand le Président Laurent Gbagbo a parlé de donner la maison aux artistes, c'est de ce projet de loi qu'il parlait. Nous devons savoir lire entre les lignes pour saisir notre chance , a clamé Valen Guédé qui dit ne rien avoir contre Gadji Céli, le Président de l'Unartci. Il est revenu sur une information faisant état de ce que Gadji, se dédit quand il accepte aujourd'hui l'avant-projet de loi sur les reformes du Burida, alors qu'il avait été contre la création de l'Office national du droit d'auteur (Onada), prôné par Mel Théodore, alors Ministre de la culture et de la francophonie. Je ne suis pas contre le Ministre Mel, mais plutôt de l'idée de remplacement du Burida par l'Onada qui, en tant qu'office, allait dépendre à 100% de l'Etat. Mon combat, c'était pour la restitution du Burida aux artistes. Or cela allait dans le sens contraire , se défend-il. Il a donc appelé Gadji Céli qui, selon lui, ambitionne de prendre les rênes du conseil d'administration du Burida, à applaudir des deux mains cette nouvelle loi. Auquel cas, il est destitué de la tête de l'Unartci parce qu'il n'est pas digne de parler en notre nom , a t-il lancé. Il a promis de faire une tournée dans toutes les communes d'Abidjan pour expliquer le bien-fondé des nouvelles réformes aux artistes qui ne savent pas toujours de quoi il s'agit.

Solange ARALAMON

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