mardi 15 juillet 2008 par Le Temps

L'arrivée du Président de la République à Séguéla a créé une effervescence indescriptible. Des populations en joie n'ont pu retenir leurs larmes.

Lundi 14 juillet 2008. Il est 8 heures. Le temps est clément. Les rayons solaires illuminent la ville de Séguéla. Les populations habillées dans leurs plus beaux habits s'apprêtent à aller accueillir le Président de la République, Laurent Gbagbo. Sur les visages, on lit la joie, l'enthousiasme et le bonheur. Les populations du Worodougou se sont amassées tout au long des voies. Du stade à la sortie de la ville, les populations sont sorties nombreuses. La ville grouille de monde. Personne ne veut rater l'événement. Vieux, jeunes et femmes se sont parés de leurs plus beaux habits. Chants et danses se rivalisent. Tous les magasins sont fermés. Ainsi que le grand marché et les écoles. C'est une ambiance de fête. Toutes les différentes artères de la capitale du Worodougou sont bouclées par les éléments des Forces de Défense et de Sécurité. Les soldats des ex-rebelles sont quant à eux positionnés devant les grands édifices. Toutes les rues sont habillées aux couleurs nationales. Les boutiques, les magasins et le marché sont fermés. Les paysans ne sont pas allés au champ. " Nous ne pouvons rater cet événement. Si pour la paix, nous devons perdre une journée, nous sommes d'accord. En plus, ce n'est pas n'importe qui qui vient chez nous. C'est le Président de toute la Côte d'Ivoire ", affirme Issiaka Diomandé, commerçant de volailles. En tout cas, toute la région est sortie nombreuse pour écouter son hôte. Des véhicules venant des quatre coins du Worodougou déversent leurs occupants. Certains entonnant des chants, se dirigent vers la place de l'indépendance, lieu du meeting. D'autres vers l'entrée de la ville où a lieu l'accueil du Président de la République. Le commandant Wattao soutient que cette visite montre que l'Accord politique de Ouagadougou est en marche. "Le processus de paix est en marche. Il est irréversible", indique-t-il. Le général Philippe Mangou et Soumaîla Bakayoko passent en revue les troupes. Il règne une ambiance bon enfant. Ce sont les retrouvailles. Les militaires des deux camps sont heureux de se retrouver.
11 heures, lorsque le chef de l'Etat descend de son commande car à l'entrée de la ville, c'est le délire. La foule crie à tue-tête. Les uns et les autres se bousculent. Tout le monde veut le toucher et le voir. " Nous voulons voir notre Président de la République. Cela fait cinq ans que nous ne l'avons pas vu ", soutient Mme Fatou Méité, commerçante. La sécurité présidentielle est débordée. Elle a du mal à canaliser la foule. "Laissez-nous voir notre Président. Ne nous brutalisez pas", lance le vieux Yssouf Timité qui a du mal à marcher. Ce message a été perçu cinq sur cinq par les Forces de l'ordre. Elles deviennent du coup indulgentes. Le Président de la République qui n'a pas mis pied dans cette cité depuis cinq ans, ne se fait pas prier pour goûter son plaisir. Il trompe la vigilance de ses gardes rapprochés pour serrer les mains des populations. Les jeunes et les filles sont aux anges. Des personnes n'arrivent pas à contenir leurs larmes. Elles pleurent comme si elles avaient perdu un parent. Certaines sont inconsolables. "Je ne croyais pas à l'arrivée du Président Gbagbo à Séguéla. La guerre est vraiment finie. Nous remercions le seigneur pour avoir permis cela", indique Kané Ladj, enseignant. D'autres personnes rencontrées abondent dans le même sens. Après avoir pris un bain de foule, le numéro un ivoirien monte dans son commande car décapotable. A partir duquel, il salue la foule amassée tout au long des voies. Des jeunes filles entonnent des chants à l'endroit du Président. Morceaux choisis : "Respectez le pouvoir de Gbagbo", "Tant qu'il y aura un garçon comme Laurent Gbagbo, la Côte d'Ivoire vivra" ; "Gbagbo tchè léhé ambi fè bi ambi fè sini", c'est-à-dire, Gbagbo est un garçon, on est avec toi aujourd'hui et demain en malinké". Cela fait cinq ans, il n'a pas mis pied ici. Par conséquent ce n'est pas bien qu'il reste dans le véhicule sans toucher et communier avec son peuple ", lance un proche du Président Ivoirien. Et de poursuivre : " En marchant dans les rues de Séguéla, il montre au plus sceptique qu'il est bel et bien dans le Worodougou. En plus, c'est de dire aux uns et autres qu'il a pris possession des autres terres de la Côte d'Ivoire". Il faut dire que le cortège a eu du mal à se frayer un chemin. Le cortège a mis plus de trois heures pour arriver sur le lieu de la manifestation. On pensait que c'en était fini. Mais non !

La place de l'indépendance de Séguéla

A 12h30mn, place de l'indépendance de la ville est noire de monde. Des jeunes habillés dans des tee-shirts à l'effigie du chef de l'Etat et de son Premier ministre. Les bâches dressées pour la circonstance sont insuffisantes pour accueillir le flot de personnes. Ceux qui n'ont pas eu de place se sont perchés sur les arbres ou clôtures des maisons situés non loin du lieu de la manifestation. Lorsque le commande car du numéro un ivoirien fait son entrée dans le stade, c'est le délire. La joie se lit sur le visage des uns et des autres. Des personnes qui ne croyaient pas à cette visite contiennent difficilement des petites larmes. " Nous sommes les plus heureux. C'est un jour nouveau qui se lève sur notre ville. On ne pouvait pas retenir nos larmes. La guerre est terminée ", déclare Hadja Binaté, cadre à Abidjan. Et d'indiquer : " Notre rêve devient une réalité. Laurent Gbagbo à Séguéla est un honneur pour nous " ; " Nous sommes venus écouter le Président de la République. Nous attendons de lui le mot de la guérison. Car, cela fait plus de cinq ans que nous sommes très malade ", crient en ch?ur les populations. Toutes les danses de la région sont sorties. Ici également les gens veulent toucher le Président de la République. Ce dernier distribue quelques "gbôs". Les plus heureux sont aux anges. "Gbagbo m'a salué. Je ne vais plus laver ma main pendant des jours. C'est le plus grand jour de ma vie. Je peux mourir tranquillement", lance le vieux Moussa Binaté, ancien compagnon du Président de la République (C'est lui qui envoyait la nourriture à Gbagbo lorsqu'il était en prison à Séguéla). Des femmes jettent leurs pagnes au passage du chef de l'Etat. Afin qu'il puisse marcher là-dessus. Un cadre de la région révèle que cette visite bat tous les records de mobilisation à Séguéla. L'accès au lieu de la manifestation n'est pas aisé. Tout le périmètre est bouclé. Tout le monde passe au scanner. Une fouille systématique est organisée. Des éléments des Forces de Défense et de Sécurité prennent position sur les toits des maisons. " Il faut prendre toutes les dispositions pour assurer la sécurité du Président. On ne sait jamais ", confie un agent de sécurité. Adama Soumahoro, neveu de Amadou Soumahoro (dirigeant du RDR) ne peut retenir sa joie. Selon lui, la visite du Président Laurent Gbagbo, est un signe de retrouvaille et de réconciliation. En d'autres termes, la Côte d'Ivoire est vraiment engagée sur la voie de la paix. " C'est un contrat de confiance que vous venez de signer avec les fils de la région du Worodougou ", fait-il remarquer. Les populations ont offert dix b?ufs et soixante pintades au Président de la République.

Yacouba Gbané
Yacou06336510@yahoo.fr
(Envoyé spécial à Séguéla)

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